Outre ce sujet peu traité – étrangement – au cinéma : j’ai nommé la gestion de la notoriété, de l’argent et du succès, c’est surtout pour l’interprétation de ses deux acteurs principaux que le film est assez remarquable.
Je pense n’avoir pas vu Tahar Rahim aussi bien dirigé depuis un moment et Roshdy Zem incarne avec brio le rôle du frère borderline, sensible et nerveux. Une totale street credibility.
Le scénario pourtant écrit à 4 mains par Teddy Lussi Modeste et Rebecca Zlotowsky (qui avait fait tourner Tahar dans Grand Central que j’avais adoré) est parfois – et surtout dans la 1ère demie heure du film – un peu trop caricatural. C’est un peu plus tard que j’ai réussi à m’attacher aux personnages et à comprendre la difficulité relationnelle qui les unit.
Là, le film prend son envol et propose une lecture vraiment nette des difficultés relationnelles pouvant exister au sein de la cellule fraternelle lorsque l’un est sous les lumières et que l’autre suit. J’ai trouvé touchant ces moments qui nous disent le lien fort qui les unit et le « role model » qu’incarne le grand frère (joué par Roschdy donc). N’est pas le leader celui qu’on croit.
C’est à la fois très cruel et tendre et le film donne une vision, je crois, vraie des liens qui peuvent unir deux êtres qui s’aiment téléscopés par la notoriété tellement enviable mais si peu facile à gérer, maîtriser et adopter.
Enfin, et c’est surtout le véritable propos du film, Le Prix du succès pose la question de la réussite et de l’émancipation des jeunes de l’immigration. Brahim, en pleine quête de renouveau cherche à se sortir de ses vannes (Tahar incarne une star du stand up) communautaires pour aller vers des sujets moins clivants et s’ouvrir à d’autres publics.
Toute cette réflexion sur l’entourage : « ceux qui peuvent te faire le plus de mal sont ceux qui tu aimes le plus, pas les quelques haters cachés derrière leur compte Twitter » lui dira un ami comme pour l’amener à comprendre que nous sommes bien souvent notre propre frein, notre propre ennemi.
En parralèle ce sont toutes les douleurs d’une place trop difficile à trouver et à prendre, de ce sentiment d’imposture qui vient parfois entraver le chemin des plus valeureux.
Brahim est de ceux là et le film est à la fois complexe et limpide, tendre et rugueux.
Je vous livre ici, AMHA* les 3 gros points forts du film :
– La prestation vraiment quali de Tahar ET Roschdy (Maiwenn est plus en retrait, plus douce aussi)
– la scène durant laquelle passe Bye Bye de Menelik (vive les 90’s !)
– cette fin… ce lieu, cette coupe de cheveux, ce cuir, cet enfant dans les bras… je suis la seule à y avoir vu une référence au sublime Un Prophète de Jacques Audiard ?
* A Mon Humble Avis