Je n’ai pas vraiment aimé Les amants passagers, le dernier film de Pedro Almodovar et ça m’embête car j’avais vraiment très envie de l’aimer.
Déjà parce que j’aime TOUS les films de Pedro Almodovar et aussi parce que celui-ci est je pense, particulier pour lui.
Il signe en effet son retour à la comédie, à ce mouvement auquel il a largement participé au début de années 80 : La movida, à un moment où la société espagnole était en pleine reconstruction (après la mort de Franco qui laissait une Espagne meurtrie économiquement mais surtout socialement).
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que, si la société espagnole a depuis longtemps pansé les plaies laissées par Franco, elle se trouve à nouveau dans le désarrois le plus total face à une situation économique qui empire et qui ne permet pas de positiver quant au sort de tout un pays.
J’ai beaucoup d’affection pour l’Espagne, ce pays si contrasté à mes yeux : si libre et si conservateur à la fois et j’aime le cinéma d’Almodovar qui exorcise cette dualité dans tous ses films.
la joyeuse bande à bord de l’avion
Egalement, pour suivre un peu ce qui se dit sur le petit monde du cinéma, j’ai compris que Pedro (j’aime à l’appeler par son petit nom) a assez souffert de ne pas être reconnu par ses pairs (lors du Festival de Cannes notamment). Il est en effet passé à coté de la moindre récompense et ce pour des films jugés très réussis tels que Volver, Etreintes brisées, La piel que habito… Lassé de tout faire pour tenter de plaire aux « juges » il a donc décidé de revenir à ses premières amours : la comédie bien potache.
Comédie potache peut-être mais un film qui porte un vrai message. Je n’inventerai rien car le film a bénéficié d’une belle promo et les experts ciné se sont succédés pour nous parler de ce « film / métaphore » de la situation actuelle de l’Espagne.
L’avion qui tourne en rond, les passagers de la classe éco qui ont été drogués pour les empêcher de se rebeller face à la peur causée par le problème technique de l’avion… le message est assez limpide en effet. Nous sommes clairement face à un film symbolique.
Mais encore plus que cela, je pense que Pedro a voulu nous faire prendre du recul face à une situation qui n’en finit pas de nous déséspérer et là, je lui reconnais un grand talent.
Car oui, clairement : je le dis haut et fort, il y en a ras le bol de ce pessimisme ambiant ! il est clair qu’il est bien plus facile de « berner » des gens qui ne croient plus en rien et c’est exactement ce qui est en train de se passer en Espagne, mais en France aussi cela dit. Les media, l’environnement ambiant nous « encouragent » clairement à être bien négatifs.
Et là tout de suite, le film de Pedro prend beaucoup plus d’ampleur… car même si j’avais préféré de loin ses précédentes oeuvres, je me suis retrouvée parmi une salle qui a ri aux éclats (j’ai ri aussi je vous rassure) et ça me fait dire que le pari n’est pas loupé, loin de là.
Let’s get excited!