Ce petit air de flute récurent qui, déjà, donne beaucoup à l’ambiance à la fois légère et totalement déjantée du nouveau film de Quentin Dupieux.
Quentin Dupieux est plus prolixe que jamais il faut le dire. Il nous régale désormais d’un film annuel (avec en prime un autre film déjà tourné qui sortira prochainement – on ne l’arrête donc plus).
Il nous revient ici avec Chabat – un pur bonheur déjà sur le papier donc. Et un quatuor totalement réjouissant qui réunit Anais Demoustier (déjà dans Au poste), et deux petits nouveaux : Benoit Magimel et Léa Drucker – qui s’incorporent tous deux parfaitement à l’univers loufoque du maitre français de l’absurde.
Si ce film est dans la directe lignée de ces précédents opus, il m’a semblé pousser une porte déjà entrouverte dans son précédent film Mandibules, à savoir : une once de douceur (qu’il a toujours eu pour ses personnages) mais encore plus travaillée.
Ici, sont mis en opposition le couple incarné par Léa Drucker et Alain Chabat, sorte de « vieux couple » sans enfant au sein duquel s’est installé une certaine monotonie à laquelle se jouxte une lassitude et des habitudes qui cassent la magie du quotidien. Ils s’aiment c’est indéniable mais ne sont plus sur la même ligne. Lui est absorbé par son travail, elle rêve de plus de fougue. Et celui joué par Anais Demoustier (une sorte de cagole vulgos à la diction réjouissante) et Benoit Magimel, patron beauf et grande gueule qui semblent se retrouver dans leur amour commun pour le sexe, la frime et la technologie de pointe (!)
C’est le rythme du film qui fait tout. Il est très court (1h14) mais les scènes trainent en longueur (volontairement) et sont cadencées par une impossibilité à dire les choses. Il se joue une sorte de suspens qui nous laisse coi, nous agace légèrement… pour notre plus grand plaisir.
Et lorsqu’il devient clair que le propos du film n’est autre que de dire l’usure du couple, la fin de l’amour et l’inévitable séparation, on en vient à se dire que ce cher Quentin Dupieux a définitivement le chic pour sonder l’âme humaine, les travers de chacun, nos limites à tous…
Et c’est alors qu’on rêverait d’obtenir une once de ce surnaturel – qu’il intègre si bien au réel – qui viendrait égayer notre quotidien terrestre somme toute désenchanté par tant de banalité.