J’aime beaucoup Anne Fontaine, une des rares réalisatrices qui parvient à filmer la passion et plus que ça encore : la passion entre deux personnes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, ni même se croiser.
Et ça c’est fort, très fort je trouve. Car plus que l’amour lui même, cela montre que ce sentiment d’appartenance à quelqu’un est plus fort que la raison, comme ancré en nous, dans nos tripes et dans nos os.
A ce titre, le film d’Anne Fontaine qui m’a le plus marqué, tout simplement parcequ’il est sans doute le plus fort, le plus tendu n’est autre qu’Entre ses mains qui d’ailleurs ne ressort pas beaucoup lorsque l’on évoque sa filmographie.
il m’a pourtant bluffé et me hante encore. La puissance d’évocation de la passion est d’une telle intensité. Cette femme d’une pureté la plus totale qui tombe dans les bras de cet homme sombre est une pure merveille (Poelvoorde que j’aime comme vous le savez est une vraie merveille dans ce film – je parle de son jeu bien sur !)
Enfin bon, nous ne sommes pas là pour évoquer la filmographie complète de cette chère Anne Fontaine mais bel et bien pour parler de son dernier film qui une fois n’est pas coutume, déchaine les passions et fait grand bruit.
Bien sûr, la trame de fond est la même : l’amour impossible, cet amour qui se trouve en dehors de tous les codes.
Je dirais même que cette fois ci elle frappe encore plus fort en contextualisant un amour presque incestueux et qui forcément dépasse tous les codes de « bonne conduite amoureuse ».
Mais dommage, alors qu’elle pensait faire encore plus fort qu’au préalable, l’histoire tombe un peu à plat.
Perfect Mothers c’est un quatuor amoureux qui englobe deux mamans et leur fils respectif. Chacune des mères va vivre une histoire d’amour (ou de sexe) avec le fils de l’autre. Déjà là ça cloche un peu mais vous verrez que ça clochera encore plus lorsque vous aurez appris que ces deux femmes se connaissent depuis l’enfance, vivent quasimement ensemble depuis l’enfance et ont pour ainsi dire élevé leurs enfants ensemble.
L’une a perdu son mari l’autre vit toujours avec le sien, ce mari qui ressemble plus à un faire valoir et à un fantôme qu’autre chose.
Clairement leur vie à elles se résume à leur vie à quatre, comprenez, avec leurs enfants.
A partir de là se pose la question de la bienséance. Peut-on vraiment vivre une histoire d’amour avec un jeune homme de 20 ans son cadet et de surcroit avec un homme de 20 ans son cadet qui se trouve être le fils sa meilleure amie ? C’est ambigu forcément.
Ce qui m’a frappé d’ailleurs c’est cette vie en vase clos qui semble être la leur. Les deux femmes travaillent certes mais cela ne semble occuper qu’une infime partie de leur temps. Leur quotidien ressemble, au même titre que le décor dans lequel ils vivent, à des vacances de rêve qui dureraient toute une vie.
Journée à la playa entre surf et bronzing, apéro sur la terrasse, diner à la lueur des bougies et au son de la musique, nuit chaudes et étoilées… vous m’aurez comprise, une vie de rêve.
Sauf que au final, la réalisatrice qui souhaitait nous envoûter m’a en fait comme dégoutée de ce décor. Et oui, c’est moi qui vous dis ça ! Moi qui, pour ceux qui me connaissent, rêverais de passer l’année au soleil, la peau et les cheveux dorés par le soleil.
Là, je n’ai a aucun moment senti la vie. J’ai eu l’impression que ces jeunes hommes étaient attirés par ces femmes pour l’unique et simple raison qu’ils n’en n’avaient jamais vu ailleurs.
Cette vie en vase clos apparait comme néfaste en ce sens. Je pousse le bouchon un peu loin mais j’ai pensé à ces communautés qui passent leur vie ensemble sans jamais cotoyer le monde extérieur et le moins que l’on puisse dire c’est que tout cela est fort malsain et pas épanouissant pour un rond.
Mis à part ça, j’ai trouvé que rien ne se dégageait vraiment de ces relations extra conjugales / pseudo incestueuses… sauf peut-être ce sentiment fort qui semble étreindre le fils de Naomie Watts qui s’éprend de Robin Wright – ah oui j’avais oublié de vous dire que c’était elles les MILF du film. (aie, je m’étais pourtant juré de ne pas employer ce terme MILF, ce terme si laid mais qui a le mérite d’être clair cependant !) eux semblent vivre une réelle histoire d’amour ce qui n’est pas le cas de l’autre couple.
Toujours est-il que tout cela empire lorsque les jeunes hommes finissent pas faire leur vie avec des femmes « de leur âge » et construisent une famille qui mettra en péril pour toujours l’équilibre de leur vie en mettant en compétition femmes / mères et amantes.
Bref, ça m’a un peu fait mal au crane même si je reconnais une justesse quant à la maîtrise du sujet et au jeu des deux actrices (Robin Wright en tête)
Mais quelle conclusion tirer de tout cela ? Certes certaines amours sont impossibles…
Mais avant tout il semble clair, à la vue de ce film, que l’abus de soleil est dangereux pour la santé !..