Que reste-il de la dame de fer ? Ou plutôt que reste-il à cette dame de fer ? Sans doute quelques photos et encore de nombreux souvenirs d’une époque désormais révolue.
Cette dame c’est Margaret Thatcher, première et unique femme à avoir occupé le poste de Premier Ministre au Royaume-Uni entre 1979 et 1990.
« MT », comme son mari aimait à l’appeler dans les rares moments d’intimité qu’ils partageaient, est désormais une dame âgée, faiblissante dont l’esprit vagabonde au grés des souvenirs d’une vie qui ne fut pas de tout repos.
Margaret Roberts naît et grandit au sein d’une famille semble-il aimante. Sa mère reste à la maison et s’occupe du foyer lorsque son père gère d’une main de maître l’épicerie familiale et s’engage dans la vie politique locale de sa ville. Margaret poussée par un père qui exige de sa fille le meilleur se plonge dans les livres tout en aidant son père au magasin. Ce qui ne lui laissera guère beaucoup de temps pour se consacrer aux activités propres aux jeunes filles de son âge mais lui offrira la force de franchir des barrières, de gravir les échelons d’une société machiste et ainsi s’imposer dans un monde d’hommes.
Dans la vie tout est lié. Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué mais bien souvent vous parlez d’un sujet et vous vous rendez compte que c’est intrinsèquement lié avec ce dont vous échangez avec telle ou telle personne le jour même ou le jour suivant. On se nourrit de ce que l’on partage et le tout forme une continuité… je m’emballe juste pour vous dire que le portrait de cette femme m’a fortement fait penser à ce livre que je cherche à me procurer en ce moment : It’s not how good you are it’s how good you want to be – dont vous trouverez plus d’informations ici
De son père, Margaret a hérité de sa force de caractère et surtout de sa pugnacité. Rien ne l’arrête, elle avance, forte de ses convictions et de sa volonté de faire changer les choses, de faire évoluer une société à bout de souffle. Oui c’est ça, Margaret veut redonner à l’Angleterre un souffle perdu, un entrain et une vigueur anéantis. Car selon elle, seul le travail se doit d’être récompensé. Point de place pour les plus faibles, elle ne croit qu’en la force de frappe, le courage et la détermination.
La dame de fer, c’est avant tout le récit d’une vie, le récit d’un choix de vie. Une vie basée sur le travail et sur le dépassement de soi. C’est donc de façon très émouvante que nous sommes face à cette vieille dame, seule face à ses souvenirs qui se demande si elle a été suffisamment bienveillante, aimante et présente pour son mari (une sorte de mari idéal !) et ses enfants. Alors que l’on sent le lien avec son fils et sa fille distendu, il nous apparaît clairement que MT est à l’image de toutes ces femmes qui doivent encore (et devront toujours ?) se battre pour mener de front leur vie de femme, de mère et leur carrière.
Enfin, MT a des théories, là encore qui lui viennent de son père semble t-il. Elle a cette phrase qui a particulièrement retenu mon attention : « aujourd’hui seul l’être est important, alors que le « faire » devrait être à la base de tout ». Oui, dans notre société au sein de laquelle il semble plus pertinent de parler de qui nous sommes au lieu de présenter ce que nous faisons, ce que nous savons faire… ce film vient nous rappeler l’importance de ne pas tout miser sur notre rang, sur l’image que l’on renvoie à la société mais plutôt de valoriser ce que nous savons faire, nos talents, nos pensées…
Enfin, je ne pourrais pas conclure cet article sans avoir rendu hommage à Meryl Streep, bluffante et admirable dans ce rôle. On peut voir tout le travail fourni, mêlé à une émotion dont l’équation offre au spectateur une réelle bouffée de talent. Meryl Streep a clairement mis son âme dans ce rôle.
Un oscar pour Lady Streep !
paule
Avant tout je voulais te dire que j’aurais intitulé l’article « le faire et le fer » au lieu de l’être et le fer. Je t’explique pourquoi…
Je viens de lire ton article et sa lecture me donne l’envie de le voir. Non pas par ce que tu dis mais pour me faire une opinion au vu de ce que la tranche d’âge dont je fais partie – 16 ans en
1968 – pensait, à savoir que du mal , voir la chanson de Renaud !
Pour nous elle était l’opposé de ce que devrait être une femme en politique mais après la réflexion des années qui passent je m’aperçois qu’il a dû être vraiment difficile à cette femme de faire
face SEULE à un monde d’hommes.
Les jeunes d’après 68 ne pouvaient que critiquer une femme qui ne voyait que le faire et la volonté car c’est contre ce quoi ils se révoltaient. Nous voulions qu’on nous laisse ETRE pour pouvoir
FAIRE selon notre propre personnalité et non selon des codes et des règles qui devaient s’appliquer sans prendre en compte notre individualité. Alors tu imagines,cette femme au pouvoir qui
reproduisait le monde des hommes que nous remettions en question ne pouvait que nous décevoir. En plus, nous n’étions pas profondément politisés mais nous entendions nos aînés critiquer
négativement ses actions. Et la guerre des Malouines…
Cependant elle a été un précurseur et nous n’avons pas à l’oublier pour faire mieux !
Mais la France n’était pas prête – et toujours pas d’ailleurs – pour mettre au pouvoir une femme. Nous n’avons peut-être pas encore une femme de la trempe de MT avec des convictions libérales…
paule
« AU MILIEU DE L’HIVER, J’AI FINALEMENT APPRIS QU’IL Y AVAIT EN MOI UN INVINCIBLE ETE. »
Albert Camus
Cette phrase caractérise pour moi bien ce film, dont le titre est LE HAVRE, de Aki Kaurismäki
Finlande, Allemagne, France – 2011
Avec André Wilms, Kati Outimen et Jean-Pierre Darroussin…
Avant de vous parler de ce film, j’ai envie de vous dire que je l’ai vécu comme un poème d’espoir, une peinture où l’on puise l’universel, une ode à la tendresse, à la drôlerie, à l’amour, à
l’amitié, à la solidarité et à la liberté.
Déjà avec cette phrase, vous devriez courir au cinéma découvrir ce petit bijou, vous êtes d’accord ? Il est possible par contre qu’il ne soit plus à l’affiche alors attendons qu’il passe à la
télévision ou qu’il soit vendu en DVD ou mieux allons le voir ou le revoir dans un Ciné Club !
Il est possible que vous soyez déroutés par le style peu commun de ce film, mais je vous invite à persévérer :
L’interprétation ? :
Elle est MAITRISEE, PAISIBLE, ce qui donne une impression décalée et posée qui est bien nécessaire devant les événements qui jalonnent cette histoire.
Au Havre, Marcel Marx, un ex-écrivain qui cire des chaussures sur les quais, les trottoirs et les gares, habite un vieux quartier avec sa femme Arletty et leur chienne, Laïka. L’argent est rare et
mesuré. Un jour, il assiste à la découverte par la police, d’un container empli de clandestins africains. Un enfant d’une dizaine d’années s’échappe. Son nom est Idrissa…
Le cadre, les images ? :
Magiques, ressuscités dans l’aujourd’hui et l’actualité intemporelle. Je ne sais pas exactement pourquoi mais l’ambiance m’a rappelé celle d’un livre que j’ai lu il y a de nombreuses années, «
Bouquet de bohème » de Dorgelès que je vous invite à lire ou relire retraçant la vie à Montmartre au temps fort des peintres, des écrivains et autres artistes/marginaux, mais ça c’est une autre
histoire…
Si on me demandait un autre MOT qui pourrait imager le film, je dirais DIGNITE.
Il ressort en effet que tous les personnages qui sont humbles et démunis, sans aucun pouvoir reconnu par la société affichent une dignité peu commune ; malgré la pauvreté, ils tiennent à être très
présentables (toujours le respect de soi, de l’autre), propres, au sens figuré comme au sens propre. Le personnage principal porte des vêtements repassés avec amour par sa femme. Le repas est
préparé avec régularité, le langage entre le couple est pudique, respectueux de l’autre, plein de tendresse, encore maîtrisé, peut-être pour nous dire que l’amour passe par ces éléments là.
Et puis enfin, dans ce milieu sobre, l’évidence d’aider ceux qui en ont besoin. Puis, nous voyons la solidarité s’organiser et la vie fait le reste…
L’Espérance continue de s’incarner…
Barbara fait son cinéma
merci Paule (maman, allez on peut le dire !) pour ce commentaire. J’aime le point de vue que tu apportes. Je ne voulais pas entrer dans la critique (positive ou négative) de sa politique c’est
pour cette raison que je me suis particulièrement intéressée à son parcours et à la force et la pugnacité dont elle a fait preuve. Ca on ne peut pas lui retirer : elle a su tirer son épingle du
jeu et elle est arrivée « au sommet » grâce à son seul travail.
Je trouve ensuite qu’elle a eu les dérives de cette force incroyable : pour faire simple : elle ne supportait pas les « assistés » et les plus faibles ce qui à mon sens est un peu radical. Comme on
le dit si bien : « il faut de tout pour faire un monde » ! Ce qui m’a également marqué, et le film met l’accent sur ce point, c’est ce comportement « masculin » qu’elle avait, et là je te rejoins :
là où on aurait attendu un peu de compassion ou de douceur, elle se montrait parfois encore plus dur qu’un homme aurait pu l’être. Là encore, cela est dû au fait qu’elle ait dû se battre afin
d’arriver là où elle était.. pas simple de s’y retrouver j’imagine, pas simple de livrer bataille et de garder une certaine douceur… je comprends en tout cas son surnom donné par les Soviétique
: La Dame de Fer ! ça prend tout son sens !!!
Et pour finir, ta rremarque sur le « faire » et l’être » je comprends et partage ton point de vue surtout à une époque comme l’après mai 68. Et là encore tu as raison de mentioner le fait que c’est
une questions de génération. Notre génération a été élevée sur le concept de « l’être », nous avons pu nous exprimer dès notre plus jeune âge : aucun problème à ce niveau là (!) mais là ou la bas
blesse, c’est lorsqu’il faut mettre les mains dans le cambouis et agir de façon concrète…Notre génération est celle du réseau et de l’échange. On nous offre des espaces entiers pour parler de
nous… l’être est bel et bien au coeur de la société. J’ai ainsi trouvé intéressant de lier cette notion à l’actualité de notre monde et de notre société.
Bref, comme toujours, le cinéma nous fait parler, nous permet d’échanger nos points de vue et j’aime ça
à très vite sur BFSC
barbara
Barbara fait son cinéma
merci pour cet article qui nous donne une belle perception du film Le havre. Je ne l’ai malheureusement pas vu et j’ai conscience d’avoir loupé quelque chose. A suivre en DVD !
A Life at the Movies
Superbe article babou, très juste & tres bien écrit, je n’ai pas su dire mieux & je n’en aurais pas été capable d’ailleurs 🙂 !
Barbara fait son cinéma
merci mimi 2.0 : c’est encourageant une fois de plus 🙂
never underestimate yourself!!!! 😉 you can do great things
as I said in the article: it’s not how good you are, it’s how good you want to be!!
je ne sais pas pouquoi j’écris en anglais ahah mais bon…