Me voilà de retour, de retour dans la vie parisienne active et trépidante (même si l’été adoucit le rythme) mais aussi, de retour dans les salles de cinéma. Je compte bien retrouver mon petit rythme de croisière !
C’est vierge de toute information que je suis allée voir L’homme qu’on aimait trop, le dernier opus de Téchiné, cinéaste que j’affectionne beaucoup.
Je savais donc que ce film avait été projeté à Cannes mais c’est à peine si j’avais entendu parler de ce fait divers familial. J’avoue être passée à côté. Cela dit, c’est là une bonne chose d’un point de vue filmique car j’ai découvert le sujet en découvrant le film. Pas de parti pris donc, pas de point de vue. J’ai apprécié cela.
Cet homme qu’on aimait trop est donc ce monsieur Agnelet (Guillaume Canet), Avocat de son état, conseil de Madame Le Roux (Catherine Deneuve) propriétaire d’un casino de renom à Nice, elle même, mère d’Agnès Le Roux, riche héritière donc (Adèle Haenel).
Si le titre laisse sous entendre la suprématie de cet homme sur les femmes (oui, ce « on » symbolise surtout les femmes qui l’entourent) j’ai trouvé que ce sont justement les femmes du film qui prennent ici le pouvoir. Catherine Deneuve est impériale. Il faut dire aussi que le cinéaste et elle tournent ici leur Xème film ensemble, de quoi bien avoir appris à se connaitre et puis il faut dire que Catherine Deneuve dégage véritablement une force cinématographie assez grandiose. Elle incarne ici une femme à la fois forte et fragile. Forte de part l’empire qu’elle a en sa possession et de part les personnes qui l’entourent (son avocat etc) mais tellement faible et fragile de part la relation assez conflictuelle qu’elle entretient avec sa fille. Ceci ressort fortement tout au long du film. (Ahh définitivement, l’argent n’achètera jamais l’amour et le bonheur…)
Adèle Haenel est, elle, la vraie révélation du film. Je l’avais déjà quelque peu repérée sans pour autant réaliser son immense talent. Ah oui vraiment, elle dégage quelque chose d’incroyable. Elle a un physique quelque peu commun, je veux dire par là qu’elle a les cheveux long, un nez basique, une bouche basique, des yeux basiques… mais tout cela s’anime dès lors qu’elle prend la parole, dès lors qu’elle se met en mouvement. Vous me direz, à juste titre, que c’est à peu près le cas pour chacun d’entre nous, certes, mais elle m’a véritablement intriguée. Il se dégage d’elle quelque chose que l’on n’oublie pas et qui fait qu’elle ne correspond à aucun cliché, à aucune catégorie. Elle semble s’affranchir de tout, faire les choses à sa propre sauce. Et cela fonctionne parfaitement. Elle donne même l’impression de changer de visage au fur et à mesure des scènes et de l’avancée du film. Assez incroyable. Une grande actrice que j’ai hâte de voir dans Les Combattants, l’autre film français dont on parle beaucoup.
Mis à part cet excellent choix d’acteurs – je n’ai rien dit sur Guillaume Canet qui selon moi fait le job, le fait bien, sans pour autant qu’il se dégage quelque chose d’extraordinaire de son jeu – on retrouve facilement la pâte du réalisateur. Sa façon de filmer la mer, les paysages, l’été, le vent. La force des éléments en fait.
Cette même force des éléments qui semble toujours alourdir l’atmosphère de cette interminable tempête familiale sur fond de manipulation, d’argent, de passion, de dépression et de dépendance.
Le tout forme un film prenant, bien ficelé, très bien joué. Jamais le réalisateur semble nous délivrer « une oeuvre basée d’après des faits réels »… Ce qui serait d’une lourdeur sans nom. Les biopics, les films basés sur des faits divers doivent, selon moi, se saisir du fond du sujet pour ensuite l’envelopper et non pas nous resservir tel quel le sujet en question. C’est ce que fait ici le réalisateur et ce qui signe la qualité de son oeuvre, à mon sens.
Brûlant !