Le cinéma des frères Dardenne a déjà fait ses preuves : deux Palmes d’Or à Cannes, ça en dit long. Ce serait en tout cas extrêmement réducteur que de penser que les frérots ont tout donné. Ils ont encore beaucoup d’histoires – sociales – à nous dévoiler.
Oui le social c’est « leur truc », ils excellent dans le fait de nous mettre face à la réalité d’un monde fragile et fort à la fois. Fragile de part son positionnement social et fort de part l’entraide, l’empathie et la solidarité qui en sont les piliers.
C’est là le thème de leur dernier film Deux jours, une nuit qui évoque la situation de Sandra amenée à négocier auprès de ses collègues le renoncement à leur prime de 1000 euros chacun pour qu’elle puisse sauver sa place au sein de l’entreprise qui l’emploie.
Sandra c’est Marion Cotillard et il faut avouer qu’aussi agaçante soit-elle, elle a un réel don de comédienne. Un don je ne sais pas au final, car c’est le travail, le sérieux et la précision que l’on remarque avant tout dans son jeu. Elle incarne cette femme dépressive décidée à lutter contre la destinée imposée par sa position sociale avec une force et une détermination assez incroyables.
Le film pourrait être répétitif (Le temps d’un week end, Sandra frappe à la porte de chacun de ses collègues afin d’obtenir leur accord pour le vote prévu le lundi matin) mais n’est jamais lourd ni même redondant alors que le discours est plus ou moins le même à chaque fois. Je pense que la raison principale à cela est dû au fait que l’on voit, l’on est témoin de son évolution, on voit bien qu’elle ne stagne pas, que tout cela participe de son évolution, de sa révolution / révélation…
Ce qui m’a frappé c’est la force des rencontres qu’elle fait et qui vont amorcer son retour à la vie. Les réponses sont parfois négatives, et ce week end compte son lot de moments de renoncement mais toujours pointent l’entraide et la fraternité lorsque l’espoir vient à disparaitre.
Les Dardenne filment ici un magnifique exemple de renaissance et de retour à la vie. Ils filment également un monde bien réel, âpre et sans fioriture qui a le mérite de nous remettre les pieds sur Terre. J’ai apprécié.
Enfin, ils filment ces notions considérées comme étant presque ringardes quoi qu’indispensables à la bonne gestion de notre société devenue tellement individualiste par réflexe de survie (sauvons nous d’abord, pensons ensuite aux autres). Et c’est tellement dommage, le groupe et tout ce qu’il engendre semble être source de tant de richesses.
Alors que le film se termine, il devient clair que peu importe l’issue de ce vote, l’on est certain de la réussite de Sandra qui s’est battue, côte à côte avec les siens. Et c’est cela qu’être vivant et vainqueur.