L’avenir aurait pu être ce film parisien, intello… un film d’entre soi. Mais il est et représente au final tellement plus que cela.
Pour vous dire à quel point j’ai aimé ce film, j’avais prévu de me faire plusieurs séances ce weekend mais ai préféré me « contenter » de celui-là. J’ai eu l’envie de rester immergée dans son ambiance si pure, vivante et vibrante.
L’avenir m’a permis de découvrir le cinéma de Mia Hansen Love dont j’ignorais tout jusque-là, je me souviens de la sortie de son film Eden, avais hésité à aller le voir et avais au final renoncé sans état d’âme.
Mais cette fois, c’est déjà cette bande annonce – dont les thèmes abordés représentent ce que j’aime voir au cinéma (la famille, l’engagement politique / social, la culture dans le quotidien de la vie…) et surtout la perspective de voir Isabelle Huppert mise en scène plus d’1h30 durant – qui m’ont convaincues de voir ce film.
Le bonheur fut total. Isabelle déjà qui est de chaque plan est sublime, digne, entêtante. Elle est « là » et que c’est appréciable de voir une actrice entrer dans son rôle de la sorte et puis ce port de tête fier et à la limite de l’insolence… C’est ce qui me plait chez cette actrice, elle parvient toujours à être à la fois à la lisière des choses et totalement ancrée dans ce qu’elle fait. Je pense que c’est là son « style » et son aura et sa puissance de jeu et d’incarnation.
Le film est à cette image. C’est du grand art. Cousu de fil de soie très délicat qui vient dire que la vie est là, toujours et partout.
Comme je le disais en début de cet article, ce film aurait pu donner lieu à une œuvre imbuvable qui aurait mis en scène des intellectuels de gauche, grands lecteurs, profs de philo et écrivains. Or ce sont bien ces gens-là qui sont mis en scène mais totalement imbriqués dans la vie, dans le quotidien et c’est là que le film trouve tout son charme. Cette femme a beau lire Levinas elle n’en est pas moins confrontée au décharnement de son couple, à la vieillesse de sa mère et autres turpitudes de la vie et ça donne lieu à quelque chose de très proche, de très vivant et de très ancré dans le réel.
J’ai vraiment aimé le regard que la « jeune » réalisatrice (35 ans) porte sur le personnage joué par son actrice… Cette femme que l’on imagine anciennement très engagée politiquement, prête à en découdre aujourd’hui non pas revenue de tout (jamais) mais simplement qui aspire à une vie tranquille et douce. Elle n’a plus besoin d’être dans l’opposition, la vie qu’elle s’est créée est à son image et en cela, elle porte les stigmates, les couleurs de son évolution, de ses combats, de ses ambitions et de ses valeurs et en cela le film ne fait nullement le portrait « d’une femme de 50 ans » mais de tout un processus de vie. Et donne envie d’aller de l’avant. Enthousiasmant.