Ah le fameux film qui fit pleurer l’actuel président américain… J’ai nommé Le majordome.
Forcément, savoir qu’Oprah, la grande prêtresse de la télé US et que Barack Obama étaient liés, de près ou de loin, au projet (la première y tient l’un des rôles principaux, le second a été ému lors de la projection et l’a fait savoir à quelques journalistes) a fait monter les enchères. Le film tient bon la barre et se place tout en haut du box office américain et remplit les salles depuis sa sortie en France.
Il est clair que 2013 est l’année où les films dits « de l’ère Obama » font recette. Déjà Lincoln qui revenait sur les début de l’Histoire, le succès (grandement mérité) du Django de Quentin Tarantino, qui offrait une revanche méritée et merveilleuse à son héros et à toutes les victimes de l’esclavage, puis Zero Dark Thirty qui avait pour but d’apporter, un point final et une conclusion positive à « l’affaire » Ben Laden…
Mais, peut-on réellement parler d’un point final ? L’Amérique s’est t-elle vraiment réconciliée avec son passé ?
Clairement, le cinéma se donne le droit de revisiter l’histoire et d’apporter une fin heureuse à des années de chaos. Cela fait du bien et, certes, l’élection de Barack Obama fut forte de sens et puissemment symbolique mais ce n’est pas pour cela que tout les maux sont réglés. Une avancée réelle est visible et l’on espère fortement que le travail engagé permettra aux Etats-Unis d’avoir, si ce n’est tiré un trait sur ses anciens démons, fait un pas de géant vers l’avenir, vers la fraternité et vers le respect de tous les concitoyens.
Ainsi Le majordome est un film politique qui a pour but de rendre hommage à toute une nation, à cette population qui s’est levée, s’est battue pour acquérir des droits dont nous sommes certains aujourd’hui qu’ils sont « offert » à tous dès la naissance… Cela bien sûr, ne coulait pas de source et c’est justement toujours aussi difficile, brutal et sensible de visualiser la violence sans nom à laquelle les Noirs d’Amérique ont été confrontés durant toutes ces années (la scène de l’attaque du Freedom bus m’a fendue le coeur, et m’a donné les larmes aux yeux, comment imaginer une telle horreur ?)
L’Histoire de ce jeune continent n’est pas jolie dans son intégralité. Il en aura fallu du temps, du sang, des luttes pour voir accéder Barack Obama à la Maison Blanche. Ce film rend hommage à ces hommes, à ces femmes qui ont permis l’accession au pouvoir d’un homme Noir dans un pays trop longtemps marqué par la discrimination et la ségrégation. En cela, ce film fait du bien car il vient nous redire à quel point la marche fut longue, mais à quel point elle en valait la peine.
Le sujet est sensible donc, fort et puissant ce qui, j’ai trouvé, n’est pas tant le cas pour le film. Souvent long, trop linéaire et qui fait parfois trop dans le sentimentalisme (ce que j’aurais tendance à reprocher au cinéma de Lee Daniels comme dans son film Precious qui est sans doute le film le plus dépressif que j’ai eu l’occasion de voir) j’ai tout de même été sensible à l’angle choisi pour traiter le sujet : cette « séparation » père / fils qui donne de la consistance à l’histoire.
Trouver ses racines, les accepter et vivre avec pour avancer, toujours, quoi qu’il se soit passé, quoiqu’il arrive.
C’est là toute l’histoire de l’Amérique et plus largement, de la Vie. Ne rien renier et tirer des conclusions du passé afin de poursuivre sa route, une route que l’on espère douce et allégée des douleurs du passé.
God Bless America!