Imaginer un monde que l’on ne connait pas. Qu’on n’a jamais vu, au mieux via un écran de télévision qui émet une image brouillée.
Peut-on dire que l’on connait les choses sans les avoir jamais vues ? Comment sait-on qu’un arbre est un arbre alors même que l’on n’a jamais vu d’arbre de sa vie ? Peut-on dire que l’on sait ce qu’est un arbre via la simple description qui nous a été faite ?
C’est là la réflexion que j’ai ressortie de Room, ce film simple et carré à l’image de la pièce dans laquelle cette jeune femme et son fils né en captivité ont passé 5 années mais vraiment ouvert sur le monde, vers la réflexion et l’imaginaire, à l’image de ce velux, seul entrebâillement vers le monde extérieur.
Si Brie Larson mérite l’oscar qui lui a été attribué, c’est véritablement le jeune garçon qui m’a frappée, émue et bousculée. J’ai trouvé que le film tournait autour de lui, petit bout de personne né dans ce pré carré tenu à l’écart du monde extérieur. Le monde est pour lui une représentation imaginée de ce que sa mère lui raconte de son passé : une maison, un jardin, une balançoire, un chien…
A cela s’ajoute ce fameux questionnement bien connu des enfants qui se demandent si ce qu’il voient à l’écran (télévision ou cinéma) est vrai ou pas. Telle personne existe t-elle dans « la vraie vie » ou n’existe t-elle que « dans la télé ». En cela le film est, plus largement, une vraie réflexion sur le cinéma et le processus de création. Ce que je vois à l’écran n’est qu’une représentation, parmi d’autres, de ce que je peux voir « dans la vraie vie ». Le cinéma, cette réinterprétation du monde…
Room permet ainsi de s’élever vers une réflexion bien plus forte et pertinente que j’aurais pu le croire au début. Il s’agit de sortir de la « simple » reproduction à l’écran de ce fait divers tragique pour aller vers une réflexion aboutie sur la force de l’imaginaire et de l’interprétation.
De la liberté également et de son sens fort et premier. A quel moment l’Homme peut-il être le plus libre possible ? Est-ce uniquement une question de « liberté physique », d’avoir la capacité de passer d’un lieu à un autre sans encombre ?
C’est en cela que le film m’a assez troublée, il s’agit d’un film à tiroirs qui offre un beau panel de réflexions diverses.