Les chars qui écrasent tout sur leur passage et cette poussière « qui sent la mort et la merde ». C’est là le décor du dernier film de Clint Eastwood que tous disent être un chef d’oeuvre.
Au niveau de la puissance et de la résonance, j’avoue donner un point à Monsieur Eastwood : contrairement à son film précédent (Jersey Boys), je n’ai pas dormi mais ai eu mal au ventre pendant quasi toute la séance. Signe s’il en est de la force du propos.
Ce qu’on y voit est pour moi tout ce qu’il y a de plus immonde (oui « la guerre c’est moche » est sans doute la pire des lapalissades, le pire des clichés) mais avouez que mettre sur une bobine toute la détresse et l’enlisement du Monde, forcément ça ne laisse pas indifférent. En cela, le film remplit sans doute son rôle dénonciateur et informatif.
En dehors de cela, seuls les draps immaculés séchant au soleil sur les terrasses nous rappellent que la vie est toujours là. Confinée mais présente. Puis le film s’enlise justement en voulant aborder beaucoup trop de sujets à la fois : l’héroïsme (vraiment ?), le traumatisme de ces engagés et ce patriotisme viscéral. Beaucoup de mots en « isme » qui ne font que me rappeler à quel point ils sont liés à leur bon vieux pote « le puritanisme ». Et il s’avère que ce n’est justement pas ma tasse de thé.
Clint Eastwood est fasciné, lui, par ces fondements. C’est son histoire personnelle, familiale sans doute et il ne s’est jamais gêné pour partager avec nous au travers de ses films ses questionnements sur la religion, l’existence d’une voie divine ou encore sur les bénéfices de l’effort et du travail acharné qui, seuls, semblent être la clé du bonheur.
Quid de l’utilité de ce film ? Veut-il nous dire l’inutilité de la guerre, le courage des soldats engagés, le sens du devoir et l’héroïsme phénoménal de ce Chris Kyle dont il raconte ici l’histoire, le malheur des pertes humaines, l’importance de la lutte contre le terrorisme ?..
Il me semble au final et il s’agit là de ma seule interprétation qu’une seule scène qui m’a frappée environ à la moitié du film résume à elle seule le film et le fourbi dans lequel il s’est fourré – à l’image de cette guerre commencée et qui semble ne jamais pouvoir se terminer. La scène est filmée depuis un hélicoptère et nous propose donc une vue d’ensemble, de haut, du paysage déserté et démoli que représente la zone de guerre dans laquelle les troupes se trouvent. La scène se fige et l’hélicoptère se met à tourner en rond comme pour chercher un point de chute, un repère. Parlant.