Tout dans ce film est décevant.
La réalisatrice a souhaité rendre un hommage appuyé à l’un de ses maitres Patrice Chéreau, directeur du théâtre Les Amandiers dans les années 80.
Patrice Chéreau, c’était en effet une école bien à part, et le saluer encore aujourd’hui est plus qu’honorable et justifié. Il était l’un de ceux pour qui jouer, brûler les planches, mettre en scène et réaliser relevait non pas de l’activité professionnelle (comme c’est le cas pour beaucoup) mais de la survie. Comme une Barbara ou un Brel chantaient parcequ’ils n’auraient rien pu faire d’autre, Chéreau jouait parce qu’il ne savait faire que ça. Et il le faisait avec sens, profondeur, grandiloquence quoique légèreté. Avec gravité et émotion.
Avec ses tripes.
Dommage donc que rien de tout cela, pas même une once, ne transparaisse dans ce film léger en tous points, lourds à tous les égards.
Valéria BT utilise, comme à son habitude, le style autobiographique. Pourquoi pas me direz-vous. Sauf qu’elle n’en fait rien, si ce n’est pour nous donner à voir des ersatz d’elle même et de ses congénères apprentis comédiens.
Si pour Patrice Chéreau seul comptait le travail, la répétition, la recherche du mot juste, de l’émotion intacte, du geste vrai… il semblerait que la réal soit un peu plus dilettante tant il ne se passe quasi rien sous sa caméra.
Les acteurs se veulent puissants lorsqu’ils sont simplistes… Le tout tombe à plat. Dommage de vouloir rendre hommage via une accumulation de scènes aussi peu subtiles les unes que les autres au sein desquelles les acteurs, certes, donnent ce qu’ils peuvent, mais de façon à la fois trop appuyée : que dire de cet acteur principal endossant le rôle d’Etienne aussi peu subtile que mauvais, ou de cette autre trop molle. Qu’incarne Suzanne Lindon au juste si ce n’est la groupie « fan fan fan du théâtre des Amandiers » qui n’a de cesse de répéter à quel point elle rêve d’intégrer la troupe sans pour autant que cela ne se ressente une seule seconde.
Et tout est à l’avenant.
La réal a également souhaité contextualiser son film qui se déroule au début des années 80, années qui virent l’arrivée du SIDA. Elle n’en fait rien, si ce n’est quelques scènes d’un classicisme banal qui ne rendent en aucun cas compte – ou si peu – de la déflagration que représenta cette maladie. On est toujours dans cette volonté de dire et de montrer. On cherche à imiter mais la puissance recherchée, visée n’est jamais atteinte. Peut-être tout simplement parce que le format choisi n’est pas le bon. Créer un film miroir n’était sans doute pas la solution.
J’ai lu et entendu que ce film était une ode à l’énergie d’une jeunesse pleine d’idéaux, de rêves, de fougue… Je n’ai vu que platitude et semblant d’exaltation.
Rien ne semble vrai. Tout est bien trop plaqué, mimé et joué justement. Et c’est justement là le biais qu’il fallait éviter à tout prix.
Un film de façade. Banal et frileux. Pour l’hommage on repassera.
Sauf si l’on s’accorde sur le fait que « c’est l’intention qui compte ».