J’ai vu ce film sur l’application Arte et, de suite, ai été frappée par son universalité.
S’il s’agit concrètement de vidéos de famille filmées en Super 8, elles disent tout de l’époque à laquelle elles ont été tournées (soit dans les 70’s). Et ça en est bluffant.
Le fils d’Annie Ernaux, qui a réalisé ce film, met en lumière ces pans de vie via un montage sans fioriture qui laisse la part belle aux images feutrées, à l’ambiance vintage, et à cette voix – celle de la Annie d’aujourd’hui (tout juste récompensée par le Prix Nobel de littérature 2022) qui pose un regard sur la jeune femme, épouse et mère qu’elle était alors.
Si j’ai eu plaisir à voir les enfants jouer, cette famille unie (on apprendra que le divorce était proche tout de même) et ce caractère de « happening théâtral » comme le nomme si bien Annie E, c’est surtout elle qui a attiré mon attention.
Car, si les enfants sont tout guillerets face à la caméra et apparaissent tour à tour mutins, enjoués ou affairés, ce qui m’a frappé concernant Annie c’est sa façon d’être là sans être véritablement là. Si la présence de la caméra peut priver – quelque peu – les personnes filmées de naturel, ça ne semble pas être là la véritable raison qui expliquerait sa présence absente.
J’ai ainsi été très touchée de ce portrait de femme en devenir. Celle qui devait alors devenir la détentrice du Prix Nobel de Littérature en 2022, n’était que balbutiement à cette époque de sa vie. Si tout de sa vie disait pourtant qu’elle « avait réussi » : elle était mariée, mère de deux enfants, ne manquait de rien… le fond de son coeur semblait lui dire qu’elle n’avait pas l’essentiel. son essentiel à elle : celui de devenir écrivain.
Un message fort pour une femme des années 70 dont la norme voulait que le graal fut un bon mariage. En cela, le message est fort et marquant.
Eternelles images mises sur pellicules.
Eternelle Annie Ernaux !