C’est un film dans lequel on s’abrite de la pluie avec son trench. C’est un film où l’on dit des choses banales, des choses de la vie.
Après avoir dit tout cela, vous comprendrez aisément qu’il s’agit bien d’un film « à la Sautet ».
Et rien que pour cela déjà, il vaut grandement le coup.
Mais « Les enfants des autres » est bien plus encore. Il offre une nouvelle rencontre avec Virginie Efira qui étale sa palette de jeu – et quelle palette ! Et donne également l’occasion de retrouver Roschdy Zem : toujours aussi charismatique quoique parfois perdu ou quelque peu lointain dans le rôle de ce père célibataire et mari délaissé. Un homme dans un entre deux. Un homme dans toute sa splendeur en somme.
Et c’est surtout l’occasion, nouvelle, de raconter le rôle de belle mère au cinéma.
On a tous en tête l’image de la marâtre issue des contes de fées qui ont bercé notre enfance. On a moins celle de la jeune femme amoureuse, qui se voit confier le rôle de tuteur non officiel un week end sur deux dès lors qu’elle passe du temps avec l’être aimé et son enfant, ici sa fille.
Le film est tout en nuances et dit d’abord la politesse naturelle quoique obligée vis à vis de l’enfant, puis l’affection qui nait et enfin la douleur du rejet – parfois – naturel venant d’un enfant qui n’a – au fond de son coeur – pour seul espoir que de revoir ses deux parents réunis. La fine ligne qui existe entre l’amour et le rejet. Et enfin, le film dit aussi la dureté des adieux. Cette relation belle mère / belle fille est dite, signifiée et montrée avec une pure délicatesse via un scénario écrit à la virgule près et une mise en scène – je le disais en amorce de cet article – réjouissante tant il émane d’elle une source puissante de vie !
On est à Paris et la ville bouge, elle est rythmée et l’écrin de toutes les aventures de cette famille « recomposée ». Le tourbillon de la ville (vie) rend possibles tous ces moments d’affection, de partage, de découvertes, de rires mais est également le théâtre de certaines frustrations. Les sentiments sont un savant mélange d’émotions justement et il faut savoir jongler avec ceux des autres.
Ce qui dit plus encore ce film, c’est la question de la transmission.
Rachel a 40 et n’a pas d’enfant. L’idée de devenir mère lui trotte dans la tête sans que cela n’ait jamais été un véritable sujet. Elle ne ressent pas l’envie extraordinaire de donner la vie. Jusqu’à sa rencontre avec cet homme, déjà papa, qui va faire naitre en elle ce désir d’enfant. En soit, déjà un axe du scénario touchant. Car le temps presse et passe plus vite lorsque l’on est une femme de 40 ans qui souhaite devenir maman. Les mois sont des années désormais.
Mais Rachel est entourée de personnes à qui transmettre. Sa fonction de professeur, qu’elle prend très à coeur notamment lorsqu’il est question de soutenir un élève en difficulté peu enclin à trouver ce qu’il veut faire de son avenir, m’a profondément plu. J’ai été touchée par la conviction qui est la sienne, par la croyance en son rôle et en ce qu’il peut signifier pour un jeune en proie à des doutes. A ce stade, la scène du conseil de classe est très puissante. L’actrice y a donné de sa personne.
Ce film dit alors la puissance de transmission que nous avons tous en nous et ce rôle qui nous est donné à chacun de donner, de partager. C’est là que se niche la richesse de l’humanité.