J’ai envie de vous donner des informations éparses sur cette merveille de film. Le plus beau que j’ai vu depuis des lustres.
Ce film, prix du Jury au dernier festival de Cannes c’est une petite musique, une certaine ironie qui résonne fort – ces patrons qui ne pigent rien à la gronde générale et à l’ironie justement employée par leurs salariés ne serait-elle pas une analogie de l’atmosphère sociale générale ? Une incompréhension totale entre dirigeants, hors sol, et des peuples épuisés mais encore capables de soulèvements.
Les feuilles mortes c’est aussi cette guerre en Ukraine qui résonne sur les ondes de la radio locale et qui donne au film son contexte mortifère.
Les feuilles mortes c’est avant tout la délicatesse d’un film qui ne répond à aucun cahier des charges d’un quelconque studio, d’un quelconque producteur… C’est le film d’un homme, d’un artiste, qui ne semble travailler qu’avec son coeur.
Si j’ai bien conscience de la banalité de cette phrase, je peux vous dire qu’elle reflète véritablement la réalité de ce film.
Dès les premières minutes, je ne saurais dire si ce sont les décors tous plus beaux les uns que les autres : colorés, vivants, habités ou ces deux acteurs qui fonctionnent parfaitement ensemble, mais je suis immergée. Très vite la musique intervient et avec elle se confirme la profonde légèreté du film.
Elle travaille dans un supermarché et lui sur les chantiers. Ils sont de ces personnes braves qui ne déméritent pas et que la mauvaise économie n’épargne pas. Le film dit la rencontre de ces deux solitudes. Et vous n’avez rien vu de plus beau depuis des lustres.
Leur parcours sera semé d’embuches et le film dit à la fois que la vie a un plan pour chacun d’entre nous et que ceux qui doivent se rencontrer, se rencontreront ; se retrouver, se retrouveront. Il dit aussi qu’il ne faut jamais démériter et aller au bout des choses, que notre coeur nous dicte le chemin et que la vie met tout en place.
Déjà vu me direz vous, oui. Mais n’aimons nous pas les répétitions lorsqu’elles sont dites avec finesse et beauté ?
Le réal illustre avec une délicatesse inclassable aujourd’hui la beauté et la virtuosité de la rencontre. Qui ne repose sur rien, si ce n’est un fil, une micro seconde.
Cette micro seconde qui dicte ensuite une vie. Et résonne à vie.
Une beauté de tous les instants, à tous les égards.