Une petite ville de province, nous sommes au soir de l’élection de François Mitterrand, en 81. Philippe est un grand timide qui vit dans l’ombre de son frère, Jérôme, la grande gueule du binôme. Tous les deux tiennent une radio pirate. Jérôme en est l’animateur et Philippe gère les mixe tape. C’est un peu le geek de la bande.
Ce soir là Jérôme présente à son frère et à la bande, sa nouvelle copine et c’est peut être bien dès ce moment que Philippe en tombe amoureux.
La suite du film tournera alors, dès lors, autour de ce trio entre journées subies à bosser au garage du père, la menace du service militaire – duquel il faut à tout prix se faire réformer P4 – et ce sentiment d’amour qui vous agrippe.
Ce film est d’une douceur sans nom, il porte en lui une vraie nostalgie, celle des années 80 qui semblent aujourd’hui si loin et datées. On se surprend à penser que ce monde est suranné, fini, refermé.
Et pourtant on se reconnait dans cette jeunesse un peu désabusée mais pleine d’idéaux. Cette jeunesse qui ne demande qu’à être entendue, écoutée, qu’à laisser une empreinte. Cette jeunesse aussi qui a peur, qui pense que rester inerte, à sa place, dans son cocon est peut-être la meilleure des solutions au final, cette jeunesse qui a tant de mal à se décider d’aller de l’avant…
Il faut parvenir à se laisser porter par ce film doux et sans prétention significatif d’un état de pensée.
Et puis savourer ce trio d’acteurs que sont Joseph Olivennes, Marie Colomb, Thimotée Robart.
Le premier est une sorte de Patrick Dewaere intense et foufou lorsque la seconde marque le film de sa douceur naturelle, de son aura délicate et sensuelle et que le dernier nous donne à voir rien de moins que l’éclosion à la vie d’un timide qui se terrait jusqu’alors.
Sous couvert d’un contexte qui montre un ordre mondial en plein basculement (Berlin encore coupé en deux et l’Est qui fourmille, frétille via la fête, la musique…), ce film nous rappelle que c’est bel et bien la culture qui pourrait sauver notre époque. Certainement pas la politique.