Ce film, qui parfois prend des allures de thriller, nous emmène sur le terrain, aux côtés de la maire d’une ville de Seine Saint Denis.
Clémence est en fin de parcours… Comprenez, en fin de mandat – qu’elle ne souhaite pas renouveler. Elle ira jusqu’au bout mais elle ne songe pas vraiment à « l’après ».
Ce qui lui importe dans l’immédiat, c’est de boucler LE dossier sur lequel elle a travaillé durant ses deux mandats à savoir, la réhabilitation d’une barre d’immeubles.
Cette cité devenue insalubre est désormais aux mains de vendeurs de sommeil peu scrupuleux qui n’hésitent pas à endosser les loyers rubis sur l’ongle malgré le manque indéniable de propreté. Pis encore ! S’il n’était question que de propreté… Fuites d’eau, cadran électrique plus aux normes depuis des années… Les logements en questions sont tout bonnement invivables… et pourtant.
Clémence est de ces édiles droits dans leurs bottes. De celles qui croient que la politique peut et doit avoir un impact réel sur les gens.
En cela, on la suit de réunion de travail en réunion avec ses administrés. Toujours à l’écoute, elle a coeur à répondre à leurs demandes et à leurs attentes. Elle se démène et veut des résultats. Non pas pour elle, pour rendre des comptes à sa hiérarchie ni pour laisser un bilan positif, mais bel et bien pour rendre la vie des habitants de sa ville plus respectable, plus humaine.
Le film met alors en lumière cet aspect trop oublié de la politique. Celui d’un engagement sincère qui ne vise qu’à améliorer les situations actuelles.
A l’heure où la seule image, ou du moins celle qui prédomine grandement, est celle d’une politique spectacle, d’une guerre d’égos et de batailles dans l’arène d’un monde qui ne cherche que le profit, ce film resserré plait par son côté non plus hors sol ni naif mais très clairement par ce qu’il montre des ambitions d’une femme qui met du coeur à l’ouvrage, donne de son être et se donne les moyens d’avancer. L’archétype d’une belle carrière en somme.
Mais le film montre aussi les dérives, les débâcles et les sous bassements du jeu politique national. Cette « machine à broyer » qui cherche à dénicher des « profils » pour les porter tout en haut de l’échiquier.
Sur l’échiquier de ce film justement : Isabelle Huppert et Reda Kateb dont le binôme fonctionne à merveille. Il y a de la vérité chez chacun d’entre eux et les faiblesses et erreurs de leurs personnages ne sont pas épargnées mais quel humain quel qu’il soit peut se targuer d’être irréprochable ? C’est justement ces limites qui rendent le tout et le propos crédible. Ensemble, ils donnent à voir la possibilité d’un appareil politique viable car humain, sincère, vrai.
De l’envie, la vraie de marquer son empreinte et de laisser une trace.