Décidément l’été est (au final) une bonne période ciné ! Je râle un peu chaque année à cette époque à cause du manque de « bons films » et ne comprendrai définitivement jamais le fait que les distributeurs sortent l’été des films dits « plus légers » comme si l’été était une saison qui impose la « médiocrité ».
Ben non, je ne suis pas certaine que ce soit le cas, notre petit cerveau peut très bien supporter la découverte de films profonds et « utiles » pendant la haute saison ! J’irais même jusqu’à dire qu’il est de bon ton de profiter de cette période (parfois) plus calme pour aller à la découverte de films laissé de côtés par manque de temps.
C’est tout à fait ce qui m’est arrivé hier soir. J’ai enfin eu l’occasion de découvrir ce film sublime dont on m’avait tant parlé depuis Cannes en mai dernier déjà : Mustang, l’histoire de ces 5 sœurs turques écrasées par le poids des traditions dans les terres reculées de la campagne turque.
Ce film est d’une douceur extrême mais c’est en fait une sensation de dynamite qui en ressort (d’ou sans doute le titre mystérieux du film qu’on ne parvient pas précisément à expliquer même après la projection).
Il faut comprendre que ces 5 sœurs dont l’âge va plus ou moins de 12 à 18 ans sont unies comme les cinq doigts de la main (oui elle était facile celle là) et ont pour tronc commun des envies de liberté, une soif de vivre débordante et des rêves si ce n’est de grandeur, d’une vie tissée par leurs propres choix.
Seulement voilà, là ou elles vivent, dans cet environnement, le libre arbitre n’est pas vraiment de rigueur.
Elles sont élevées par une grand mère rongée par le poids des traditions. Aussi, lorsqu’elles rentrent de l’école après avoir fêté la fin de l’année scolaire avec leurs amis à la plage, elles se retrouvent condamnées à une vie de labeur, d’apprentissage des tâches ménagères et autres « corvées féminines ». Comprenez qu’elles sont punies et enfermées dans l’attente de trouver un mari qui fera l’affaire et pourra les « remettre dans le droit chemin » et les laver du pêché d’avoir osé monter sur les épaules de leurs copains de classe.
Oui c’est absurde. Oui cela nous semble relever de préceptes d’une autre époque et d’un autre monde. Mais voilà, la réalité nous rattrape : ces jeunes filles dont l’envie de vivre bout en elles se doivent de rester dans le droit chemin et pour cela, il leur faut porter ces fameux « habits couleur de merde » (l’habit traditionnel).
C’est là la force de la réalisation et du film dans son intégralité. La réalisatrice nous livre un film tendre, jamais en colère mais qui dénonce bien plus que d’autres discours, un film juste qui ne vient pas juger les partisans d’une vie marquée par ces traditions ancestrales.
Elle fait simplement le choix de nous montrer ces 5 jeunes filles / femmes qui, elles, refusent ce manque de liberté. Elles se réclament d’une vie qui serait faite de leurs seuls choix et refusent de céder aux conditions qui leurs sont imposées.
On rit, beaucoup même, de ces préceptes qui nous semblent tous plus dépassés les uns que les autres, on est touché par la volonté de ces filles, par leurs moments de résignations et par cette complicité qui les étreint et les unit. L’on pense forcément au Virgin Suicides de Sofia Coppola et aux enlacements de ces sœurs face à l’adversité caractérisée par la famille / les parents.
J’ai terriblement aimé suivre leur aventure entre cette virée au stade (les voir enfin si heureuses et rire aux éclats fut un vrai plaisir, la plus jeune des sœurs a un charisme fou et une envie de vivre contagieuse !) et cette route vers la recherche de la liberté m’aura finalement émue aux larmes. Selon moi il n’y définitivement pas de plus beau voyage que celui / ceux qui mènent jusqu’à la Liberté, jusqu’à cette vie que l’on s’est choisie et créée. En ce sens les voir sortir (enfin) du tunnel est une perfection scénaristique qui m’a particulièrement touchée.
Je n’ai qu’un regret, n’avoir pas vu ce film plus tôt et ne pas avoir pu vous en parler car je vous invite vraiment à aller le voir, j’espère qu’il est encore en salle où que vous soyez.
Après tout l’été est faite pour prendre son temps. Laissons donc ce film à l’affiche encore et encore !