Faire un film pour parler d’un film. Cela pourrait être le point de départ de Maestro. Mais la volonté est toute autre.
Raconter l’échange, le partage, la transmission c’est là le point d’ancrage de ce film bien moins léger qu’il n’y parait.
En fait, ce film a pour toile de fond le tournage du dernier film d’Eric Rohmer (illustre cinéaste que j’avoue ne pas connaitre du tout) au sein duquel Jocelyn Quivrin tenait le rôle principal. Ce film est en fait l’oeuvre posthume que Jocelyn (décédé en 2009 d’un accident de voiture) n’aura jamais pu porter à l’écran. Si j’ai bien tout suivi, c’est donc son amie la réal Léa Fazer qui s’y colle avec pour but et volonté, de retranscrire la richesse de cette rencontre.
C’est attirée par cette histoire peu commune et aussi, je dois l’avouer, pour voir le beau Pio Marmai à l’écran pendant 1h30 que je me suis décidée à aller voir cette réalisation.
Il faut d’abord bien comprendre l’enveloppement de cette affaire. Jocelyn (ici joué par Pio donc qui s’appelle Henri dans le film) est un jeune acteur quelque peu fumiste dont le véritable rêve est de jouer dans Fast & Furious ou tout autre film d’action et de bagnoles qui y ressemblerait. C’est par le biais d’une amie bienveillante qu’il va se retrouver engagé par le maître du cinéma d’auteur.
Entre ces deux mondes, deux générations et un réel décalage qui ne va pourtant pas empêcher les deux protagonistes de se rapprocher et de s’enrichir mutuellement.
Outre le bel hommage rendu au cinéma de cet auteur et au cinéma de façon plus générale (les équipes techniques, les conditions de tournage : on s’y croirait…) ce film donne surtout à voir les merveilles d’une passation : thématique pas forcément souvent traitée au cinéma.
La joliesse d’une conversation, d’un échange de point de vue qui enrichissent autant l’émetteur que le récepteur. C’est d’ailleurs cela au fond ce que semble représenter le cinéma. Toute l’essence d’un mot, d’une parole qui vient résonner chez celui ou celle qui la reçoit.
Oui, ce film est un magnifique hommage aux mots, à ces paroles que l’on se doit de choisir et de réfléchir si ce n’est pour enrichir l’autre, pour parvenir à véhiculer ce grand quelque chose que l’on appelle « le cinéma » ou est-ce « la vie ». Qu’importe les deux sont liés.
Cette magnifique scène finale des tests micro à la Mostra de Venise illustre parfaitement cela.
Une belle surprise !