Ce 4ème opus de Matrix c’est un peu comme un retour dans le passé du futur.
Le passé, car il nous ramène tout droit au tout début du siècle (22 ans après la sortie du premier volet tout de même) et le futur, car il nous donne ce goût de dystopie / uchronie : le propre de la bonne SF.
Nous voilà d’abord plongé dans un monde qui pourrait ressembler à ce que sera notre société d’ici quelques années. Un peu froid, un peu morne, un peu interlope, très dérangeant.
Thomas Anderson est un « homme rangé ». Il est concepteur de jeu vidéos, reconnu et récompensé pour son jeu le plus célèbre : Matrix. Et on sent qu’il a « tout vu et tout vécu » et que plus rien ne l’excite véritablement. Sa vie semble se diviser entre le temps qu’il passe au travail et le temps qu’il passe chez son psy à régler ses « problèmes de psychose ». Il a, il faut le dire, une tendance à penser qu’il vit parfois dans un monde parallèle. Fâcheux.
Une existence morose somme toute.
Et voilà qu’une heureuse apparition vient à lui. D’abord Trinity (désormais Tiffany) venue elle aussi acheter son café du matin au coffee shop du coin. Elle ne le reconnait pas car nous apprendrons plus tard que l’apparence de Thomas Anderson / Neo a changé. Puis son ami Morpheus dont les traits ont changé et qu’il ne reconnaitra donc pas.
Encore un coup de la matrice tout ça.
Toujours est-il que ce dernier (Morpheus) l’invitera à ingérer la pilule rouge (Thomas gobe des bleues H24 pour gérer sa psychose, il commence à en avoir marre) pour un nouveau voyage dans la Matrice.
Et c’est alors que le spectacle reprend pour notre plus grand plaisir. Spectacle qui aura son point d’orgue dans la scène de retrouvailles de Neo et Trinity qui finira de m’emporter dans l’amoncellement de souvenirs heureux que me procure ce film.
Outre ce pitch de départ somme toute simpliste c’est le côté meta du film qui nous marque déjà. Comment reprendre le fil narratif après une trilogie qui avait tout dit déjà ? De surcroit avec les mêmes acteurs vingt ans plus âgés. Faisons d’ailleurs un arrêt ici pour saluer ce choix fait par Lana Wachowski (qui signe seule ce film) et qui aurait pu succomber aux sirènes d’Hollywood qui veut que pour chaque reboot de remake de sequel de prequel on change d’acteur.trice pour « renouveler le genre » et toucher des cibles nouvelles – comprendre : les ado, un gros marché.
Et le plaisir n’en est que décuplé. J’avoue avoir été émue de la recréation de ce duo, de cette balade enflammée à moto, de cette complicité qui n’a d’égard que l’amour unique que Neo porte à Trinity et vice versa.
Reste ensuite cette (gentille) fronde contre la psychanalyse (mention spéciale pour Barney Stinson qui joue le rôle du psy). Lana entend vouloir railler le rôle et le pouvoir sous jacent des psy qui se pensent omniscients et garants de vérité. On imagine aisément qu’elle a dû en voir une palanquée – de psy – dans le parcours de transition qui fut le sien (Lana W a changé de sexe) et qu’elle a dû en entendre et en voir des vertes et des pas mures. Un coup de gueule délicat mais brillant contre les thérapies de conversion ?
Ce Matrix c’est aussi ces paysages très « Blade Runneriens », cette idée de la solitude et d’un monde qui court à sa perte parce que plus personne n’est en mesure de communiquer, de communier. La parabole biblique tient à nouveau sa place dans cet opus tout à la fois sombre et lumineux, léger et dépressif.
Enfin, quelle plus belle façon de dire la Liberté. Cette invitation à vivre la vie que l’on veut, à faire les choix qui sont les nôtres, sans enfreindre une quelconque loi mais aussi sans se soucier de ce que l’autre pourra penser. Cette liberté ultime de Vivre et d’Etre.
Une vraie résurrection à plusieurs têtes. Elles sont là les résurrections promises dans le titre.
Une promesse de tous les possibles. Quel plus beau cadeau pour Noel ?