La nuit, ce moment de la journée qui recèle une multitude de fantasmes. En voilà un bon sujet pour le cinéma. On pense à Taxi Driver bien sûr, à ce temps comme suspendu qui est empreint à la fois d’une grande douceur ouatée et de la pire des violence qui soit : le choc des opposés qui s’entremèle. Les références sont nombreuses et vont de Drive à We own the night en passant par Lost in translation, Collatéral ou encore De battre mon coeur s’est arrêté… Un style de cinéma que j’affectionne tout particulièrement.
Et puis plus ici Paris et son fourmillement nocturne bien caractéristique. Ce côté interlope, ses quartiers qui frétillent dès que le soleil se couche, ses excès et ses dérives possibles. Mais au fond, la nuit est la même que l’on soit à New York, Tokyo ou Paris. A croire que le manque de clarté éveille et révèle notre surmoi ou notre inconscient à des pensées et envies bien enfouies que l’on voudrait laisser en sourdine.
Vincent Macaigne trouve dans le rôle de ce médecin de nuit fatigué par l’énergie physique et la charge mentale que lui impose son métier un moyen de révéler la pointe de noirceur qui est en lui, et c’est bien appréciable. Le voir constamment à côté de la plaque en proie à des problèmes existentiels de post ado commençait à user.
Ici, il est à la fois lumineux lorsqu’il regarde sa femme et ses filles et sombre lorsqu’il arpente les routes de la ville au volant de son break pour gérer ses magouilles qui, semble t-il ne seront jamais suffisantes pour sauver les affaires de son cousin. Une affaire de famille donc, de traffic et de perdition.
Une affaire qui porte en elle tous les codes du film noir mais qui somme toute, reste trop en surface. Le film ne va jamais pas assez loin à mon sens dans le traitement de cette nuit frétillante en proie au mal être et au malaise.
Si du côté des patients visités, on ressent bien la solitude, la peur ou encore le manque, l’hisoire familiale est un peu bancale.
Reste cette unité de temps, de lieu et d’action qui reste un trilogie magnifiquement rythmée, et puis Vincent Macaigne qui traine son mal être avec entrain et pudeur. Il est de tous les plans et mène la danse de cette complainte moderne.