Non pas de la façon la plus subtile qui soit, mais François Ozon se lance (cette fois encore) dans la réalisation d’un film purement féministe. Cette fois il donne ses lettres de noblesse à deux jeunes femmes trop tentées de se faire une place dans cette vieille France corsetée des années 30.
L’une est actrice, l’autre avocate. Toutes deux partagent un vieil appartement miteux qu’elles ne parviennent à chauffer. Elles ont des rêves de grandeur et de reconnaissance sans pour autant voir le bout du tunnel. Il faut dire qu’entre ce créancier qui sonne à leur porte tous les quatre matins et cette accusation de meurtre… La pente semble raide pour parvenir à leurs fins.
C’est sans compter sur le bon timing de la vie. Parfois.
La veine théâtrale qu’Ozon affectionne tant est ici à son comble ! Avec toute la théâtralité qu’on le sait capable de mettre dans ses films… On se souvient de 8 femmes, de Potiche ou encore plus récemment de Peter von Kant (de l’excellent Peter von Kant). Ozon s’en donne à coeur joie et offre la rédemption à ces jeunes femmes de bonne volonté.
Lorsque l’une d’elle s’accuse du meurtre pour lequel elle est entendue en guise de témoin, l’autre devient son avocate et toutes deux, face à cette adversité machiste, sauront trouver le chemin de la victoire.
Ozon dit tout haut et de façon affriolante mais somme toute très parlante ce besoin de briser le plafond de verre une fois pour toute !
Il faut y aller ! Tout tenter, même les chemins qui semblent les plus encombrés. La gent masculine ne s’embarrasse jamais d’une quelconque gêne lorsqu’il s’agit de porter un regard malveillant sur une jeune femme, jolie, qui a des projets et un brin de jugeote ! Elle ne s’embarrasse pas non plus de se lancer dans des affaires louches.
Ozon ! Tous les coups sont permis ! Puisque les hommes ne se préoccupent pas de « se faire une place » par le biais du mensonge et de la manipulation, pourquoi alors les femmes, elles, ne le feraient-elles pas non plus ? C’est là le message du réal qui se place du côté de ces jeunes femmes tentant de se frayer un chemin au coeur de cette masculinité toxique ambiante.
C’est flamboyant, démesuré… grandiloquent et très verbeux. Toujours juste au fond, et très stylisé.
Il faut noter la qualité de jeu des deux jeunes actrices et de celle… d’Isabelle Huppert (oui encore et toujours Isabelle !) qui propose une performance sidérante et pleine d’autodérision pour dire que la scène théâtrale (et cinématographique) a besoin de tous les âges… pour jouer et représenter au mieux les femmes.
Osons la ruse ! Eux n’hésitent pas.