Je poursuis mon expérience cannoise en visitant quelques salles obscures parisiennes à la découverte des films que j’ai manqués sur place. La dernière visite en date remonte à hier soir et j’y ai vécu une très belle rencontre. Mon premier Ken Loach et un bel émoi cinématographique que je n’avais pas vécu depuis quelques temps.
La part des anges raconte l’histoire de Robbie et de ses amis d’infortune. L’histoire est néanmoins centrée sur Robbie, un ado au passé difficile : disons le, Robbie est un ancien délinquant et peine à se détacher de son passé sulfureux. Il s’apprête à devenir papa et a donc pour but de faire table rase du passé pour ainsi offrir à sa famille une avenir radieux et donner à son fils des bases solides.
La part des anges est de ces films qui vous donnent à réfléchir sur vous même et sur votre vie et ce, même si vous ne partagez pas du tout la même histoire que le protagoniste du film.
Il y est question de thèmes universels tels que la rédemption, l’acceptation de soi et de sa propre condition, le fait de saisir une seconde chance offerte au détour d’une rencontre qui viendra bouleverser votre vie.
Rapports de force et violence viennent alors se confronter à la douceur d’un nouveau né, à l’espoir que cela représente et à la volonté de s’en sortir. Robbie n’a rien de son coté, mise à part cette volonté de sortir de la misère sociale dans laquelle il semble évoluer depuis sa plus tendre enfance. Des coups il en a donné et il en a pris… son quotidien n’est rythmé que de la puanteur et des nuisances sonores de son quartier et des fréquentations plus que douteuses qui le poussent sans cesse vers la chute.
Voilà pour la partie misérable du film mais vous vous doutez quand même un peu que l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, elle en est loin. Car Robbie a la volonté de s’en sortir, ajoutez à cela un bon coup de pouce donné par le responsable du groupe de travaux d’intérêt généraux dont Robbie fait partie, devenu avec le temps son ami, et vous obtenez une magnifique fable sociale jamais moralisatrice mais fortement ancrée dans la réalité.
C’est donc lors d’une visite de cave à Whisky que Robbie va faire la découverte de sa vie. Il va se découvrir un don hors pair qui lui permet de reconnaitre les plus grands crus, un don qui va le mener vers de nouvelles aventures et vers l’assurance d’un avenir réussi. Son nez « affuté » pourrait-on dire, va lui permettre de découvrir un univers qu’il ne soupçonnait pas et de rencontrer des personnes qui sauront lui mettre le pied à l’étrier dans une société qui ne donne que trop rarement des secondes chances. Et c’est après une ultime action qui risquerait de le jeter en prison qu’il décide, accompagné de sa troupe, de jouer son destin.
Il n’en sortira que plus fort et avec l’assurance d’un avenir plus radieux. Ce film est réellement touchant et d’une profondeur qui nous pousse à croire que tout est possible, que tout est réalisable et que la volonté peut nous mener à tout.
Bravo Monsieur Loach pour ce Prix du Jury grandement mérité. Vous parvenez à nous toucher en plein coeur avec cette histoire qui vient nous rappeler que nous sommes tous capables de grandes choses à condition de le vouloir vraiment. Notre vie est entre nos mains et avec un peu d’aide et beaucoup de volonté elle peut nous ouvrir de nouvelles portes. Un beau message, plein d’espoir et de courage en ces temps où l’on aurait tendance à penser qu’il nous faut nous contenter du minimum sous prétexte que la crise est là, que l’économie va mal… Ce film vient nous rappeler que nous pouvons toujours aller vers ce qu’il y a de mieux pour nous, là encore, à condition de le vouloir vraiment. Positif et vivifiant, je vous le dis !