En voilà un film vénéneux, presque hypnotique et en tout cas assez unique en son genre. Si je devais le ranger dans une case, je dirais qu’il s’agit là du tout premier film hipstero-gothico-pop que j’ai vu.
Only lovers left alive, dont j’ai l’impression d’entendre parler depuis au moins un an (il était présenté à Cannes et dans d’autres festivals l’an dernier) vaut surtout pour l’atmosphère qu’il dégage. Cette même atmosphère dictée par des codes musicaux très sophistiqués (il me faut clairement la bande son de ce film) et par une « imagerie » sublime.
Le film nous emmène entre Tanger et Detroit (sublimement filmées) et oppose ces atmosphères comme autant de mondes divergents : la chaleur peuplée – littérale et figurée – de Tanger fait échos à la froideur vide de Detroit : cette terre meurtrie et mourante (qui pourrait renaitre de ses cendres ?)
Only lovers left alive joue au final sur les contrastes sans jamais mettre un mot plus haut que l’autre sauf à l’occasion de l’arrivée de la soeur d’Eve qui augmentera quelque peu le niveau sonore du film et viendra par la même occasion perturber les retrouvailles du couple.
Ces contrastes justement jouent également sur l’opposition des époques. Nous sommes en compagnie de vampires made in 15ème siècles qui ont du s’adapter à l’évolution des sociétés, des moeurs. Cela vaut quelques éclats de rire bien sentis partagés par toute la salle comme par exemple lorsque Eve sort du congèl des « glaces de sang » : oui, même la façon de se nourrir a évolué. Il faut savoir faire face à son époque, même lorsque l’on est vampire.
Mais avant tout, Only lovers left alive (comme son titre le sous entend d’ailleurs) est le reflet d’une histoire d’amour vénéneuse, intemporelle et presque irréelle. Bref, le reflet d’une histoire d’Amour. Car si ce n’est pour symboliser le couple, la force de l’amour, de la passion, mais aussi de la tendresse et de la vie à deux, cette drôle d’ode évoque la déliquescence du monde moderne.
La nostalgie englobe tout le film comme pour nous rappeler les difficultés de vivre le temps présent, abîmé et usé contrairement à un passé sublimé car riche, culturel et profond. Jim Jarmush exprime ainsi, à nouveau, son questionnement sur la possibilité de vivre plusieurs vies (Broken Flowers) et nous donne à réfléchir sur le couple et sur cette vie que nous traversons contre vents et marées, qui nous offre, malgré tout, la possibilité de nous réinventer.
Myriam
Un des meilleurs films que j’ai vu depuis longtemps. Ce film est beau, intelligent et envoûtant. Sans doute ce film mérite-t-il d’être vu et revu!
Barbara
Nous sommes d’accord, j’y pense encore souvent