AMHA (A Mon Humble Avis)

Requiem for a dream (ou la puissance de la salle)

Posted by Barbara GOVAERTS

A quoi tient le fait que l’expérience en salle me soit aussi importante ?

C’est la question qui me vient à l’esprit après avoir vu hier soir, et pour la première fois en salle, Requiem for a dream, ce désormais classique sorti en 2000.

25 ans ! Requiem for a dream, que j’ai vu mille fois (au moins) en DVD a 25 ans.

Je dois vous faire une révélation. J’ai vu et revu ce film, qui fut par moment un de mes films de chevet, en me disant « qu »il me faisait du bien », tant je réalisais à l’issue du film à quel point ma vie était dépourvue de « problèmes majeurs ». Face au destin tragique de ces personnages, ma vie me semblait alors toute légère et positive. Un peu de puérilité là dedans, beaucoup d’immaturité sans doute.

Hier soir, alors que le film ressort en salle, je suis sortie de la projection, presque anéantie.

Comment alors expliquer ce renversement ? Alors même que ma vie n’est pas plus sombre qu’auparavant…

Cela tient sans aucun doute au fait que j’ai vu ce film en salle. Oui, l’expérience de la salle change tout.

J’ai vu Requiem for a dream comme je ne l’avais encore jamais vu. Tout m’a semblé plus puissant.

De la musique qui accompagne le film entre douceur et puissance macabre, en passant par ces personnages dont la fragilité m’a happée plus fortement que jamais. Jusqu’à cette descente aux enfers, inéluctable en fait, qui m’a puissamment prise et surprise même.

Oui, l’expérience de la salle est sans aucune mesure. Elle fait vibrer le film tout entier. Elle lui donne une dimension toute autre. Plus forte, plus prégnante, presque plus réelle.

La salle c’est aussi ces énergies indicibles et invisibles partagées avec nos voisins de sièges… Rendez-vous compte qu’elle m’a fait voir un film que j’ai vu et revu, sous un nouveau jour. Elle m’a donné la maturité dont j’avais besoin pour découvrir et comprendre la profondeur de ce film. Avoir « vécu un peu » est sans aucun doute un élément non négligeable non plus. Car si je garde en tête des répliques, des intonations, des détails de plans… il m’est apparu que je n’avais pas encore véritablement ressenti le film, toute sa sève, toute la douleur humaine et sociétale qu’il soulève.

A l’heure où j’écris ces lignes, je ressens un tel soulagement ! Ce début d’année est très pauvre pour moi niveau cinéma. J’attendais très fortement Babygirl (qui ne m’a pas déçu) et me sens, depuis, très peu motivée à l’idée d’aller en salle pour voir les films à l’affiche. Je me suis demandée si un quelconque blocage m’étreignait, si j’avais perdu de ma curiosité (moi qui allais « tout voir » lorsque j’ai commencé à aller au cinéma) ! Rien de tout cela. Si ce n’est que je suis peut être plus exigeante et c’est ok, car lorsqu’on a déjà vu du très bon, on aspire à se nourrir encore plus ! Reste qu’il faut continuer à se faire surprendre… Du bon équilibre à trouver entre « aller tout voir » et gagner en exigence….

Et actuellement, c’est juste que la programmation ne m’emballe pas et, loin s’en faut, je ne suis pas un robot… Il aura fallu attendre la ressortie de Requiem for a dream pour que la salle me happe… et l’annonce de la sélection du prochain Cannes

Vivement mai ! Vivement les émotions que seule la salle de cinéma est en mesure de me procurer.

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