C’est l’histoire d’une quête. De celles qui vous bouleversent. Cette quête de soi même qui prend tout une vie (et sans doute plus encore) pour être menée à bien. Ce chemin de vie constant et perpétuel.
Voilà bien longtemps que je n’avais pas été autant touchée par un personnage de cinéma. Cette Frédérique aka Freddie, avec son air boudeur, ne se force jamais à être sympathique.
Et elle m’a de suite plue. Moi qui suis naturellement plutôt attirée par les gens rieurs, enjoués, loquaces et ouverts, j’ai de suite apprécié cette jeune femme de 25 ans que l’on suivra huit années durant. Elle m’a intriguée tant je l’ai de suite sentie éveillée malgré l’épaisse carapace qui l’entoure. Eveillée à la vie malgré un mal être planant. Ouverte au monde malgré toute cette dose d’inconnus qui l’habite.
Ce sentiment ne s’est jamais démenti, elle est un vrai personnage de cinéma.
Et comme j’ai aimé la suivre dans cette aventure de vie !
Née en Corée, adoptée bébé par un couple de français, Freddie a pris un avion pour Séoul – dit-elle – sur un coup de tête. Le film s’ouvre alors sur son arrivée à l’hôtel où elle restera « 3 nuits, peut être plus ». Dès son arrivée elle contacte le centre d’adoption de la ville et on se demande si le film ne s’apprête pas alors à être d’une linéarité sans nom. Arrivée, retrouvailles avec sa famille biologique, renaissance.
C’eut été sans compter sur le talent de narrateur de Davy Chou qui pointe sa focale sur toute la période de transition qui irriguera sa vie dès lors qu’elle aura rencontré son père biologique et sera dans l’attente de la réponse de sa mère.
En cela, il nous livre ici – au travers de son héroïne qui est de tous les plans – (et qui s’avère est une comédienne non professionnelle) l’histoire d’une naissance, d’une découverte de soi au travers des âges et des expériences. Une oeuvre incarnée et profonde.
Son film est linéaire dans la façon qu’il a de narrer l’évolution de cette jeune femme année après année mais il va bien plus loin et parvient à transcender toute banalité potentielle du propos. D’un point de vue formel, cela est dû en grande partie à l’usage délicat de l’ellipse, avec lequel joue le réal.
Et cela tient en grande partie sur le talent originel de l’actrice (non actrice, vous avez compris !) Elle joue avec brio cette dualité entre dureté de caractère et délicatesse de coeur.
Retour à Séoul est alors l’histoire d’une colère, voire d’une fureur : non pas celle de vivre, mais celle qui consiste à trouver sa place : celle que l’on occupe avec nous même, dans ce monde.