Sauvage est un film qui surprend. A l’image de sa première scène. Leo a 22 ans et se prostitue dans le bois. On ne sait pas trop quel bois au juste et c’est là une volonté claire du réalisateur que de nous perdre un peu et de ne pas donner d’identité claire à l’espace au sein duquel évolue le film.
Ce qui nous touche de prime abord c’est la douceur de Leo. Il prend des coups (parfois au sens propre) mais reste toujours tendre, ouvert à l’autre, prêt à la rencontre.
Aussi abîmé par la vie qu’il puisse être, il porte en lui ce qui semble être une force. Une envie d’aller de l’avant et ne jamais se résigner même si l’idée seule d’envisager un autre quotidien lui semble au delà de ses perspectives. C’est sur cette dualité que joue le film. Toujours à la lisière de deux émotions, de deux lieux, de deux aspirations.
L’acteur Felix Maritaud que l’on a découvert dans 120 BPM porte le film et ne semble reculer devant aucune difficulté. Il se donne à la caméra avec autant d’impudeur que de douceur. C’est franchement fort et beau à voir.
J’ai au début eu un peu de mal à faire face au déferlement de violence physique, sexuelle, psychologique face à laquelle le film nous place. J’y ai vu une once de voyeurisme et tant de douleur ! Je me suis alors demandé quelle était la volonté du réal si ce n’est de nous balancer en pleine face la misère sociale la plus profonde d’un homme qui n’a rien, ni même et surtout plus l’amour de sa propre personne.
C’était pour au final me guider vers la création d’un véritable lien avec ce Léo. De l’idée du compagnonnage avec un personnage de film si vibrant qu’il en est plus que vivant.
Suivre cette sorte « d’itinérance éducative » et des rituels d’initiation de ce jeune homme – aussi terribles soient-ils – furent une vraie leçon de cinéma, de vie aussi, tant l’humanité de ce garçon est grande.
Et puis cette photographie, ces plans…
Une déambulation que je n’oublierai pas de sitôt.
Sauvage sera en salles le 29 août prochain