Il est clair qu’à l’époque des fake News où l’on cherche le scoop à tout prix au risque même d’en oublier de vérifier ses sources et de fouiller un tant soit peu l’information glanée, le nouveau Spielberg frappe fort et tombe à point nommé.
Dommage seulement que ce maître du septième art (si tout de même) nous offre un tel cinéma à la papa. Quel classicisme ! Pas une once de folie. De l’empacté prêt à consommer. Peut-être alors est-ce pour respecter au plus haut point ce pan de l’histoire qui changea à jamais la destinée d’un petit journal de « province » (il est question du Washington Post alors totalement effacé derrière le leader du marché Le NY Times) ? Toujours est-il que j’ai trouvé ce nouvel opus quelque peu plan plan quoi informatif et c’est déjà pas mal.
Soit une femme, une veuve mondaine qui a hérité de la gestion du journal suite au décès de son mari – interprétée par une Meryl Streep parfaite comme à son habitude mais suis-je la seule à penser que ce jeu façon actors studio est parfois fatiguant ? Tout est raccord, rien ne dépasse mais j’ai du mal à y trouver une once de vie, au même titre que le film tout entier, je ne suis jamais véritablement emportée – et une affaire qui éclate. Des membres de la rédaction parviennent à mettre la main sur des documents compromettant révélant les manquements du gouvernement américain quant à la gestion de la guerre au Vietnam (qui pour info ou rappel fut un carnage pour les troupes américaines et est autant dire, un tabou depuis lors).
Les choses s’affolent alors et disons le clairement, l’autre grand sujet du film est le positionnement qu’a dû trouver cette femme sous estimée et regardée de haut par ses compères membres du conseil d’administration (nous sommes dans les années 70, autant dire à l’âge de pierre pour ce qui est des relations hommes femmes dans le business. Oh wait, ne serait-ce pas toujours le cas en 2017 ?
Ce Pentagon Papers relate donc la prise de position de cette femme dans un contexte difficile où de nombreuses menaces planaient au dessus de sa tête. Là le film sait capter mon attention.
Mais là où d’autres ont ressenti émotion et frissons, je n’ai vécu que calme plat. Et pourtant Steven Spielberg s’en donne à coeur joie en jouant avec sa caméra – il la maitrise parfaitement, ça oui – comme dans ses quelques scènes où il injecte une once d’action et filme les bureaux et les journaux comme autant d’objets précieux sur lesquels semblent planer de mauvais esprits.
Dans le même genre, Spotlight sorti il y a deux ans et qui relatait l’enquête du Boston Globe sur l’affaire de pédophilie qui secoua le Vatican m’avait lui totalement embarquée. Je me souviens encore de l’émotion que j’avais ressentie au moment où le BAT était lancé pour l’impression des journaux qui allaient révéler l’affaire à quelques millions de lecteurs. Là c’était fort et puissant ! La liberté totale de la presse émanait totalement et avec la prise de conscience de l’urgence d’en revenir à une presse totalement indépendante de tout autre pouvoir ou contre pouvoir.
De l’importance du respect et de la protection du 4ème pouvoir. De l’indispensabilité de l’indépendance totale pour une information libre et complète. La liberté du peuple tout entier en dépend.
Ce sont au final les 5 dernières minutes du film qui m’auront le plus intéressées. Au moment même où le film fait le lien avec une autre affaire plus médiatisée elle, celle du Watergate et de ce gardien de nuit qui alors qu’il faisait sa ronde, lança l’alerte. En toute honnêteté et sans arrière pensée aucune. Ce lanceur d’alerte qui changea la face d’une société bouffée par la corruption et le mensonge. Un autre pan de l’histoire mais là aussi, une simple volonté de dire vrai. Tout simplement.