Le titre sonne comme celui d’une bande dessinée et c’est une petite fille espiègle que l’on imagine galoper au beau milieu des cerisiers en fleurs.
C’est cela, au détail près que Sidonie est une femme d’un âge déjà expérimenté dira t-on (incarnée par une Isabelle Huppert dont la pâleur du visage recèle toute sa délicatesse). Elle est française, romancière et débute un voyage au Japon alors que son tout premier livre est réédité. Elle est fluette et d’un dynamisme certain, affuté et combative.
Le début du film convoque le burlesque. On pense au cinéma de Tati et la réalisatrice veut déjà nous dire le décalage culturel entre la France et le Japon. En ce sens nous pensons forcément au Lost in translation de Sofia Coppola qui invitait déjà à tester ce gout doux amer propre au mal du pays auquel se mêle un certain plaisir à perdre ses repères.
Pour ce qui est cet aspect combatif que j’évoquais, on apprendra vite que Sidonie a vécu des drames successifs, qu’elle est en soi une survivante et qu’elle peine à vivre avec ce statut, embuée par la culpabilité d’être là… et eux plus.
De suite la délicatesse s’invite dans ce film d’une douceur infinie. Moi, plutôt d’une nature assez nerveuse, je suis sortie de ce film apaisée et l’envie de prendre une grande respiration comme pour mettre de côté les nuisances et autres bruits nocifs.
Car le film mise sur la sensibilité et la sérénité, et nous emmène peu à peu dans cette re connexion avec soi. Sidonie, happée par l’énergie et l’atmosphère de ce pays dont elle découvre tout, est tout à la fois perdue et en totale connexion avec ce pays et sa culture. C’est alors, qu’elle se découvre étrangement familière et réceptive à l’ambiance environnante de ce pays que l’on appelle « le pays des fantômes ».
S’en suivront des discussions, des retrouvailles et des au revoir… De ces discussions émaneront les reflexions qu’elle n’a jamais eu (ou pu avoir) « pourquoi n’a t-elle pas eu d’enfant », « pourquoi a-telle arrêté d’écrire alors que cette activité lui était salvatrice »… Et elle pourra alors mettre des mots sur ses émotions, ses pensées, ce qu’elle a vécu. De cela, émanent certaines des plus belles phrases que j’ai pu entendre au cinéma depuis longtemps « C’était une évidence, c’est rare l’évidence, tout comme le bonheur »… Il faut vivre le film pour saisir le poids de ces mots, et toute la légèreté qu’ils offrent ensuite. Le film sucure qu’il ne faut ni se battre, ni résister, il faut parfois se laisser porter, larguer les amarres et poser ses valises. La vie nous ouvre alors une nouvelle porte, et il convient de s’y glisser, sans encombre, sans fracas. Juste en amenant ce qui fait de nous ce que nous sommes… Et alors Vivre.
C’est bel et bien l’histoire d’une re naissance. L’éclosion d’une nouvelle saison qui apporte avec elle son lot de possibles.
D’une beauté pure qui offre l’apaisement. Ce n’est en rien trivial.