C’est à Cannes en mai dernier que j’ai découvert nouveau film de Monia Chokri. Et je n’ai pas boudé mon plaisir !
Eternelle adepte du cinéma de Xavier Dolan, elle est également réalisatrice et je dois dire que ses films m’ont toujours quelque peu laissée sur le côté. Souvent un peu trop chichiteux, excentriques et loufoques.
Elle semble ici trouver le parfait équilibre pour dire le couple, ses réalités et sa difficile et délicate tenue au fil des ans. Elle trouve ici, également, un parfait écrin pour dire ses engagements féministes et avant tout humains. C’est surtout pour cela que le film m’a plu.
Il est léger, sous couvert de montrer la réalité humaine qui veut que deux êtres se rencontrent de prime abord via une attirance commune. Et cette attirance dont on parle est physique n’allons pas dire le contraire.
C’est d’abord cet amalgame d’énergies… une histoire de chimie en somme. Le corps parle, le cerveau suit.
Sa façon de mettre le doigt sur cette réalité est tout à la fois drôle et touchante. Voir cette intello qui ne se laisse guider que par sa réflexion (croit-elle) tomber dans les bras de cet ouvrier en bâtiment, lui même adepte d’une vie vécue non pas forcément au jour le jour (il a des envie de couple et se projette) mais vécue « au feeling », de façon simple. Il est pragmatique et bon vivant, lorsqu’elle passe son temps à juguler ses désirs.
La rencontre du feu et de la glace. Du coeur et de la raison.
La réal nous livre ici un film dont le désir qui unit les personnages ne cesse d’être redéfini. Rien n’est jamais linéaire ici et c’est ce qui donne toute sa saveur au film. Les rapports de domination (quelle horrible façon de dire les choses !) sont très bien exprimés et illustrés. Il est évident que nous avons tous intérêt à aspirer à aimer qui l’on souhaite, comme on le souhaite… mais la vie et ses codes sociaux nous ont bel et bien imprégnés et nous sommes tous comme abîmés par les biais que ces codes charrient avec eux.
La conclusion du film est dure. Ardue et piquante. Elle a le mérite, je crois, malheureusement, de mettre en lumière la réalité du couple dans nos sociétés qui nous obligent à une certaine forme d’assujettissement.
Reste un film fort tout en légèreté, qui montre et permet de ressentir le désir, et la puissance charnelle et l’envie.