Steve Jobs était de ceux qui veulent laisser une trace. Plus qu’une trace, une présence et il est clair que sa volonté était que ces petites machines qu’il nous a laissé contiennent toutes un peu de son âme. Je ne serais pas étonnée d’apprendre que Siri soit en fait Steve Jobs himself qui nous parle depuis l’au-delà ! Sa mainmise sur ses inventions, ses créations était telle qu’il était quasiment impossible d’exister à ses côtés. Steve Jobs, le iGourou de la technologie…
Le film, loin de son prédécesseur Jobs starring Ashton Kutsher, est sombre, puissant et animé d’une vraie dose de drame. Le spectateur se retrouve face à une tragédie en 3 actes comme au théâtre.
Acte 1, nous sommes en 1984 à l’occasion du lancement du Macintosh dont personne n’a oublié la célèbre et brillante publicité.
Acte 2, nous sommes en 1988 à l’occasion du lancement de Next dont personne ne se souvient (qui sera ensuite racheté par Apple et signera le retour du fils prodigue, car ne l’oublions pas : Steve Jobs est sans doute le seul PDG au monde à avoir été viré de sa propre entreprise)
Acte 3, nous sommes en 1998 à l’occasion du lancement de l’iMac dont tout le monde se souvient et qui marque clairement l’ère dans laquelle nous sommes aujourd’hui : celle de la technologie toute puissante qui – si ce n’est dirige – rythme nos vies.
Et le film s’articule autour de ces 3 temps forts de la carrière de Steve Jobs. A chaque acte, nous sommes à 40 minutes de la montée sur scène de Jobs en vue du dévoilement de ses nouveaux bijoux. Nous sommes en coulisses avec lui, avec ses comparses (excellente Kate Winslet en directrice marketing / amie / confidente et Steve Wozniak son binôme de toujours, touchant en ami qui ne parvient pas à trouver sa place) et avec son égo.
Le film se veut donc répétitif mais jamais rébarbatif tant la mise en scène est aiguisée et lapidaire. Comme l’homme.
La musique apporte sa dose de force et est toujours en parfaite adéquation avec le propos qui n’est autre que de nous placer au bord du précipice – avec Steve Jobs et son armée. La tension est littéralement palpable à chaque instant (sympa les conditions de travail !)
On est donc loin du biopic complaisant qui vient relater les moindres détails de la vie d’une personnalité mais étrangement, on en apprend bien plus tant l’accent est mis sur les points forts de sa personnalité contrastée et pourtant tellement binaire – comme un code (je vous dis cela mais je suis analphabète en code !). Innover et vendre.
Le film et le jeu parfait de Michael Fassbender évoquent bien cette volonté de suprématie. Jobs se délestaient de tout ce pouvait l’empêcher d’avancer, même s’il devait s’agir de personnes… Tranchant et souvent glaçant même si le film adoucit un peu le propos avec un final doux et presque chaleureux au moment où il décide d’insérer des tonnes de chansons dans la poche de jean de sa fille.
C’est ça l’amour version Steve Jobs.
paule
Quel commentaire percutant sur ce personnage créateur ; cela donne vraiment envie d’aller voir le film.
Barbara GOVAERTS
oui une bonne tragédie en 3 actes avec un méchant bien intéressant à décrypter !