C’est une sorte de Jules & Jim revisité à la sauce Bonnie & Clyde que l’on aurait terriblement envie d’intituler La fureur de vivre.
Corniche Kennedy est de ces films qui marquent tant il est emprunt d’une force de vie hallucinante.
D’un côté, ce groupe de jeunes marseillais quelque peu désœuvrés qui passent leurs journées ensoleillées à sauter – au péril de leur vie – du haut de la corniche. De l’autre, une jeune fille de bonne famille qui passe plus de temps à zieuter ce groupe depuis le balcon de sa villa qu’à réviser son bac L. La rencontre des deux va débuter dans l’opposition pour évoluer vers la création d’un lien fort et indivisible.
Le choc des cultures, l’opposition aux parents et à toute forme d’autorité et puis surtout cette recherche du frisson extrême sont au cœur même de ce film sobre et remarquable.
Tout est maîtrisé. Le tout est parfois très joué (la plupart des acteurs sont novices) mais cela apporte une touche tout à fait humble et brute à cette œuvre elliptique qui ne cherche jamais à expliquer quoi que ce soit. C’est ce qui m’a plu tout particulièrement. On ne sait pas toujours où on va, les choses ne sont pas toujours dites et le ressenti n’en est que plus fort. L’issue du chemin n’est jamais limpide tant les routes empruntées sont parfois risquées et sinueuses mais c’est là le parcours de la connaissance de soi et de la maturité.
On voit les liens se créer devant nos yeux ne sachant pas nous mêmes où nous allons et c’est exquis ! On plonge dans nos années adolescentes où seuls les sentiments et les sensations fort(e)s comptaient. Ces premiers émois qui ne se vivent que dans l’extrême et dans la vérité la plus pure.
Corniche Kennedy est véritablement un film sur l’essence même de la jeunesse qui cherche à donner de la valeur à chacun de ces gestes et actions et à aller vers ce que l’on ne connaît pas. C’est aussi, il ne faut pas le nier, un film qui évoque la question du déterminisme social infligé à ces jeunes des quartiers obligés de gérer des obligations bien plus larges que leurs épaules et sur ce point également, le tout est saupoudré de légèreté et de douceur sans pour autant adresser le sujet de façon mineure : le tout est à cette image, d’une délicatesse réelle. Rien n’est jamais caricatural et encore moins caricaturé : ce que l’ont voit à l’écran est vrai, emprunt de cette vraie source de vie et de vitalité.
Brillant et fort comme ces joyaux adolescents à polir.
Paule
L’adolescence pour se trouver et la conscience et la
responsabilité pour avenir !