Marion et sa famille de doux dingues sont de retour. Cette fois dans un environnement différent puisqu’elle vit désormais à New York avec Mingus : son nouvel ami. Exit Jack avec qui le sexe était « not good » dixit papa, Marion partage sa vie avec une star local de la radio et les deux enfants qu’ils ont chacun eu d’une précédente union et Jean-Luc l’inoubliable personnage central du premier opus.
Marion est toujours photographe et c’est à l’occasion du vernissage de sa dernière expo que son père, sa soeur et son copain débarquent pour quelques jours.
Comme à son habitude, Julie Delpy dépeint avec humour et tendresse la difficulté des relations familiales, le choc des cultures et les clichés qui vont avec.
Une personne manque cependant à l’appel, Anna : la maman de Marion (et accessoirement de Julie : elle fait jouer ses parents dans ses films). Anna vient de partir au ciel comme Marion l’explique à son fils. Et nous tenons là la plus touchante et sincère déclaration du film.
Il s’agit bel et bien – comme dans la majorité de ses films – d’une mise en abyme. Julie Delpy aime à mettre en lumière sa vie, l’éducation qu’elle a reçue comme pour en faire l’analyse et y voir un peu plus clair.
On découvre une Marion bouleversée par la mort de sa mère au point qu’elle décide de vendre son âme à un illustre inconnu. Elle affirme ne pas croire au pouvoir de l’âme et encore moins à l’au delà – lieu duquel sa défunte mère ne lui a jusque là – envoyé aucun message depuis son départ.
Ce passage, toujours traité avec légèreté offre au film une douceur parmi la cacophonie ambiante qui règne.
Le père est toujours aussi énervé contre la société, il n’a pas perdu son habitude de rayer les « grosses bagnoles » gentiment garées sur la bas coté, il est toujours autant porté sur le sexe et sur la bouffe. Rose, la soeur de Marion est toujours aussi nympho, exhibo et un peu tarée : l’idéal pour une psy pour enfant j’ai envie de dire et Manu, actuel de Rose et accessoirement ex de Marion n’en finit pas d’être d’une lourdeur sans nom : achat de shit devant les enfants, réflexions bien clichées de bon beauf français : « on t’a déjà dit que tu ressemblais à Beyoncé » à la soeur de Mingus (accessoirement noire)… C’est comme si on disait à toutes les brunes qu’elles ressemblent à Eva Mendes et aux blondes qu’elles ont un air de Marilyn… juste absurde !
On prend un plaisir certain à partager ces quelques jours passés à New York avec cette famille vivante et énergique. Marion nous semble du coup toute apaisée face à ces 3 loufoques. Elle n’a en rien perdu de sa verve mais semble avoir trouvé une certaine sérénité aux cotés de Mingus et de leurs enfants. Cela ne l’empêche en rien d’être toujours aussi extrême comme lors de cette rencontre dans l’ascenseur !
Julie Delpy nous épargne la visite clichée de la grosse pomme en ne proposant qu’un montage photo de quelques secondes. Cela ne nous empêche pourtant pas de nous sentir comme un touriste dans cette ville aux relans puritains et basés sur la bienséance. Marion met d’ailleurs l’accent sur cet aspect lors d’une conversation qu’elle a avec Manu et tous deux admettent que NY est bel et bien plus safe mais moins fun qu’auparavant. Les lois du politiquement correct et de la retenue ont pris le dessus sur la liberté d’expression qui semblait être le maitre mot de cette Amérique libre.
C’est d’ailleurs là également un thème abordé par Marion qui a choisi pour thème de son exposition : l’usure de la vie, de l’amour… Derrière toute cette loufoquerie se cacherait-il une peur de l’engagement et de la vie ? Je dirais que ce n’est pas tant une peur, qu’une envie de tout décortiquer, de tout analyser comme pour mieux maitriser le sens et la tournure que prennent les choses.
Plus profond qu’il n’y parait, Two Days in New York aborde les thèmes qui sont chers à notre générations d’enfants gâtés et chéris par leurs parents (ahhh cette génération Y !). Que faire, comment se construire dans une société qui ne nous offre plus vraiment de liberté ni de croyance en l’avenir. Et comment se reconstruire après avoir vécu la douleur de la perte d’un être cher ?
Julie Delpy nous offre la preuve ici qu’il est possible de traiter de sujets lourds et parfois même philosophiques avec humour et légèreté.
Je n’ai pas parlé de l’appariton en guest Star de Barack Obama : personnage central d’une scène juste hilarante emmenée par un Chris Rock plus drôle que jamais.
Cette douce cacophonie nous emporte réellement dans un tourbillon de folie pour ensuite nous remettre bien droit dans nos bottes.
Une fois de plus, quoi de mieux que le rire pour nous faire réfléchir ? (et en plus ça rime !)