Fleuve noir est l’archétype du film qui ne repose que sur les qualités – certaines – de ses acteurs. Cassel, Duris, Kiberlain. Une certaine idée de la fine fleur du cinéma français.
Seulement voilà il en faut un peu plus pour subjuguer son audience. Pour la tenir. Pour l’enchanter.
Certes l’affaire est bien glauque, les personnes ambigus – le sont-ils tant que cela finalement ? Et l’intrigue bifurque. Mais il manque le liant. Le petit plus qui donne à tout le film un ton véritablement prenant.
Cassel revêt le costume du flic en mission, qui enquête sur la disparition d’un ado sans histoire. Duris joue celui du professeur ambigu, trop concerné pour ne pas tremper dans l’affaire. Rien que l’on n’ai pas encore vu en fait. Un peu de Hitchcock, une once de Clouzot, beaucoup de Columbo. On ne sait d’ailleurs pas trop à quelle époque l’affaire se situe lorsque le film débute. Je laisse glisser.
C’est justement là que le bas blesse. Le film nous laisse toujours entre deux eaux. Et ce n’est pas plaisant.
On est intrigué mais pas trop, on a peur mais pas trop, on rit – est-ce voulu d’ailleurs, on se pose la question au final tant les acteurs et le réalisateur donnent l’impression de véritablement donner leurs tripes dans leur jeu, dans son œuvre – mais pas trop.
Ce fleuve noir m’apparait alors très clairement comme étant le mi-cuit du cinéma estival 2018. Une bonne idée sur le papier mais peu digeste, lourd, malhabile et un peu trop dégoulinant. (Je me demande encore si cette analogie est appropriée… J’aime trop le mi-cuit pour en être certaine, ndlr)
Nous reste ce trio d’acteurs qui fonctionne sans déception quoique souvent en plein cabotinage : Duris et ses manières, Cassel et son apparence crasseuse mêlée à ce pseudo flair « Columbesque » . Un flair qui s’avère foireux. Il n’y avait vu que du feu au final le pseudo commandant alcoolo mais soi-disant brillant !
En eaux troubles je vous dis.
Je me rassure alors en me disant que nous retrouverons Duris prochainement dans la peau d’un père ouvrier sublime dans Nos batailles et Cassel dans la peau d’un complotiste foireux et génial dans le très réussi Le monde est à toi.
Vivement !