Mais moi pas trop en fait. Et ça m’ennuie car Jeanne c’est à bien des égards une extension de son interprête Blanche Gardin et in fine, tout le monde aime Blanche. Mais moi voilà, pas trop en fait. Je ne fais pas tant un blocage mais ai quelques réserves.
Son flegme, sa façon « de ne pas vraiment y aller », cette sorte de paresse face à la vie a tendance à m’agacer. Je suis plutôt du côté de ceux qui foncent, tout azimut, qui parlent vite et fort… En cela, le personnage incarné par Laurent Lafitte aurait tendance à me plaire davantage. Il bouscule Jeanne et ça me parle. Son chaos intérieur est plus vibrant.
En dehors de cela, je veux dire : du duo Blanche x Laurent qui fonctionne bien, je ne me suis pas véritablement retrouvée dans cette fresque somme toute banale et attendue.
Si la musique donne le la (et toute son énergie) à ce film qui illustre tout à la fois la dépression chronique et l’exaltation des tournants de vie. On sent cet instant charnière qui viendra tout bousculer et, peut-être enfin, donner un autre allant à ce quotidien morne au sein duquel seules les petites voix de notre tête donnent du rythme. Ou lorsque tout semble au point mort…
Tout le monde aime Jeanne est en fait un film sur les dérives névrotiques d’une génération qui vit à 100 à l’heure. Cette même génération qui ne vit que d’extrêmes et ne sait plus se suffire « de ces petits moments de vie sympathiques ». Il faut aller vite, haut, avoir des idées ou plus encore « l’Idée », investir, entreprendre, réussir… Et puis souvent – car c’est notre société bancale qui veut ça – on en vient alors à tomber, échouer, s’écouler… Et c’est exactement là, sur ce segment, que le film est.
Sur ce segment de vie fragile mais encore fertile, qui rappelle que tout est possible, encore et encore.