François Ozon adapte ici le roman d’Emmanuèle Bernheim dans lequelle cette dernière détaille un épisode de vie raconté de façon autobiographique : la fin de vie de son père.
Sujet somme toute délicat, mais c’est sans compter la délicatesse de François Ozon, que l’on connait bien désormais.
Il nous livre alors un film très réussi – pour une raison à mes yeux : il réussit le pari de ne jamais tomber dans le pathos et donne cours à une bonne réflexion sur le sujet qu’il entend traiter. Entendons que, à aucun moment submergés par une émotion que l’on ne parviendrait pas à contenir, il nous est possible de véritablement entrer dans le sujet et dans la réalité de ce que vivent ces deux soeurs alors à l’aune d’une nouvelle étape de vie : la vie sans leur père qui leur réclame le droit de mourir dignement, à la date de son choix. De quoi relancer le débat sur l’euthanasie et tous ses enjeux éthico-sociaux-médicaux.
Mais Tout s’est bien passé n’est pas non plus un documentaire et vit sous le prisme de la fluidité de la mise en scène et de la puissance de ses acteurs. André Dussolier en tête qui incarne ce père diminué avec brio. Il aurait fallu de peu pour que son jeu soit caricatural et frise le ridicule mais il évince tout ceci de main de maitre. Il ajoute cette touche très caractérielle qui vient inciser son jeu et lui donner du dynamisme.
Et puis comme à chaque fois lorsqu’elle est à l’écran – et preuve ici, même lorsque son rôle est minime, Charlotte Rampling vient magnifier la pellicule. Pas forcément dans sa première scéne qui a le mérite de « poser » son personnage mais dans la seconde où, dans un éclair, la femme meutrie qu’elle est revit : « Parceque je l’aime idiote », dira t-elle à sa fille, surprise et ébahie.
L’adpatation est fine, ténue et délicate. L’humour y est le bienvenue et nous dit que dans les moments difficiles de la vie, il est toujours des ressorts qui nous aident à tenir, à rebondir. Il faut avoir confiance. Jusqu’à la toute fin.