L’année commence à peine mais je pense pouvoir vous dire que j’ai vu hier soir l’un des films qui marquera 2011.
Disons le simplement, Le discours d’un roi est une réussite incroyable et sans doute l’un des meilleurs films de 2011.
Au départ, on peut se dire : ok, un film d’époque, impliquant donc des costumes, un base historique, des acteurs reconnus, des nominations aux Oscars à ne plus savoir qu’en faire… on peut en effet se dire que ce film est à voir – car ajouter à cela, il s’agit d’un film dont beaucoup parlent. Et oui, à Paris (surtout) certains aiment aller voir les films dont on parle beaucoup (toujours cette idée de se savoir « à la mode », « dans le coup »)…
Mais ensuite, on reçoit de plein fouet toute la magie de ce film.
Ce n’est d’ailleurs pas facile pour moi de rédiger ce post tant j’ai peur de louper la moitié des choses que j’ai envie de partager avec vous.
Ce film raconte donc l’histoire (vraie) méconnue du grand public du roi George VI qui régna dans les années 30 en Angleterre. Il s’agit du père de l’actuelle reine d’Angleterre Elizabeth.
George, « Berti » comme l’appellent ses proches, est le frère cadet du futur roi d’Angleterre promis au trône à la mort de son pere George V. Il est bègue et très discret. On comprend vite qu’il a toujours vécu dans l’ombre d’un père monarque et d’un grand frère qui est toujours parvenu à se faire sa place.
Mais lorsque ce frère justement, couronné roi, faire part de son attention d’épouser une roturière deux fois divorcée, il devient évident qu’il est de son devoir d’abdiquer (le roi d’angleterre étant le chef de l’Eglise, ne peut épouser une femme divorcée).
C’est alors que George « Berti » devient roi d’Angleterre alors que l’Allemagne nazie menace toute l’europe.
C’est dans ce contexte que se déroule le film.
Le thème central du film est donc le bégaiement de Berti qui est un véritable obstacle pour cet homme qui est amené à discourir sur les ondes (nous sommes au commencement de l’ère de la radio).
Colin Firth, qui incarne le monarque est remarquable dans le rôle. Ne parlons pour l’instant que de technique : l’acteur est tout simplement parfait. On peut voir tout le travail qui a été effectué pour parvenir à se comporter, à prendre les mimiques d’un bègue. D’ailleurs, les plans sont souvent pris de façon à ce que le « handicap » de Berti soit maximisé. Il est filmé avant chaque discours en contre plongée ce qui accentue le malaise auquel est soumis.
source Wikipedia : La contre-plongée, ou contreplongée, est un axe de prise de vue de bas vers le haut, en photographie et au cinéma.
C’est un angle de vue qui est relativement original. Si on pousse trop loin la contre-plongée, se posent alors des problèmes de déformations et d’accentuation des perspectives. Ceci peut être voulu, par exemple pour donner une impression de soumission, d’infériorité ou encore de malaise.
Son épouse Elizabeth, femme aimante, va le diriger vers un orthphoniste sans qualification Lionel Logue. L’emphase est mise sur le fait que cette famille monarcale reste tout de même ancrée dans une certaine simplicité (la scène durant laquelle la femme de Logue rentre chez elle pour trouver attablée la reine d’Angleterre est tout simplement exquise !). La reine (jouée par Helena Bonham Carter : superbe et toujours juste) parvient à trouver le juste milieu entre « royauté » et respect accordé aux « petit gens ».
Revenons-en à Logue justement. Cet orthophoniste aux méthodes non prouvées, non justifiées et non reconnues va parvenir à faire de Berti un roi accompli.
C’est là je pense que se joue le film. Dans cette relation qui va peu à peu s’installer entre le monarque et cet homme du peuple, pseudo acteur et orthophoniste qui se trouve être le premier à réellement s’intéresser à lui, à ce qu’il pense, à ce qu’il ressent.
Comprenez qu’il n’est point facile pour un roi de se confier à un homme aussi « médecin soit-il. Aussi, les début de la « collaboration » sont difficiles puisque Berti refuse de se plier aux injonctions de Logue. Toute cette partie est très touchante, sans trop dévoiler les détails du film, il est clair que ces consultations sont l’équivalent de ce qu’on appellerait aujourd’hui une psychothérapie. Le roi va peu à peu s’ouvrir à cet homme et lui dévoiler les secrets enfouis de son enfance et de sa vie passée. Il n’est jamais facile de se confier sur ses souffrances. Sans doute encore moins lorsque l’on est roi et que l’on a été élevé par des « nanies » qui ne prenaient pas le temps de s’attarder sur les états d’âme du petit dernier. Berti, sans doute plus sensible que d’autre, n’a jamais eu l’occasion de se confier à qui se soit, encore moins de prendre du recul sur les inhibitions qu’il avait pu avoir étant enfant.
Nous sommes là au coeur du film. En résumé, Berti devient roi lorsqu’il prend conscience de ses faiblesses, c’est alors qu’il devient plus fort et qu’il en vient à endosser le rôle qui lui est donné et à prendre les décisions qui s’imposent et qui seront judicieuses pour son pays, pour son peuple.
Ce film n’est autre que le combat d’un homme dont le but est de parvenir à se trouver lui même.
Il y a cette scène poignante ou Berti est courronné roi et c’est alors qu’il jette un oeil aux tableaux représentant ces prédécesseurs. Des hommes à la stature imposante, des hommes ayant marqué leur temps. C’est alors que Berti, un peu plus tard, dit à son épouse : « je ne suis pas un roi(…) ». Il lui faudra alors comprendre qu’on nait peut-être roi mais que tout un cheminement est indispensable pour tenir ce rôle.
Ce film est touchant. Très touchant. Sans même avoir de handicap, on se trouve porté par la quête de cet homme qui se bat pour être digne du rôle qui lui a été offert / imposé. Cet homme est un battant et c’est sans aucun doute ce qui le rend plus fort que d’autres.
Lors de la scène finale, grandiose, la caméra a changé de place et filme le Roi de face, sans contre plongée. Le malaise n’est plus là, le Roi à pris sa place. Il tient son rôle. On l’écoute.
Colin Firth est impeccable, tous les acteurs le sont. Mention spéciale bien évidemment pour Helena BC et George Rush qui joue le rôle de l’orthophoniste Lionel Logue.
Il se dégage de ce film une sincérité déroutante qui nous touche sincérement.
Ce film d’époque, est bien plus qu’une fresque historique, il montre le cheminement d’un homme qui lutte pour se montrer digne du rôle qui lui est inculqué. En somme, il montre l’histoire d’une vie. Il montre la force de l’amitié. Il montre le sens du devoir. Il montre que seule la persévérance peut nous permettre de parvenir à nos fins.
Il montre enfin que le cinéma est et restera bel et bien un art vivant et un art reconnu tant que seront réalisés des films de cette qualité.
Mimi 2.0
Magnifique article…celui que j’aurais aimé écrire vraiment, tu l’as si bien cerné, si bien décrit…et écrit!
Barbara fait son cinéma
merci mimi. Ton com me touche et m’encourage bcp 🙂