Gaspar Noe est donc définitivement fasciné par les pulsions d’une jeunesse un peu extrême.
J’écoutais ce matin une émission récente du Cercle dans laquelle le réal Emmanuel Mouret (sans doute à l’opposé du monde de Noé et que je n’affectionne pas particulièrement par ailleurs) dire une chose forte intéressante et à propos. Il disait à peu en près en ces termes l’importance de ne pas prêter au cinéma un rôle social qui n’est pas le sien. Selon lui le cinéma n’a pas à refléter (du moins consciemment) une image réelle de la société. Il ne prendrait alors aucun plaisir à lire ce blog tant je m’attele à toujours montrer que le cinéma nous parle et qu’il est un vrai miroir de nos sociétés.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, de prime abord, je n’ai pas aimé ce Climax sensationnel signé Noé. Quel autre message à en tirer qu’une négativité consternante et stérile qui placarde à tout bout de champs que le vivre ensemble est mort, que la mort est douce ou encore que l’Homme est creux et vain et vil. Mais là n’est pas le propos. Noé semble vouloir nous dire que son film ne porte aucun message propre. Ce Climax n’aurait alors aucune velleité à dire, à incarner le monde qui nous entoure lui aussi vil et vain.
Certes ce Climax est creux. Noé vante d’ailleurs cette absence de scénario et ce tournage court, presque en un one shot survitaminé. Mais il est surtout animé d’une grande soif de cinéma. On sait Gaspar très cinéphile, aguéri aux grands classiques du genre : Murnau, Fritz Lang ou encore Bunuel et c’est sans doute dans l’œuvre de ses maîtres qu’il a puisé pour nous livrer cet opus sous acide au sein duquel s’entremèlent alors des scènes de danse sublimement filmées, des longs plans séquences dans un couloir aux couleurs changeantes ou encore des effets de caméra assez inédits.
Le tout donne une œuvre tourbillonnante qui, si elle ne brille pas par la clarté de son propos, nous rappelle que le cinéma est une affaire de sensation, de frissons, d’engouement et de passion.