Ce qui devait être une escapade tranquille en famille se transforme alors en week end horrifique. Cette fois, Jordan Peele n’y va pas par quatre chemins. J’ ai lu qu’il avait été agacé par le fait que son précédent et premier film « Get out» (vu 4 fois, pas loin de la perfection selon moi) soit classé dans la rubrique « comédie » alors qu’il utilisait certains des codes de l’horreur.
Cette fois, il signe un film purement horrifique, qui reprend tous les codes du genre, auquel il accole une bonne once d’humour pour alléger, non pas le propos, mais la façon d’apréhender le film. Une fois encore, tout est travaillé à la quasi perfection, on sent que tout est pensé et largement maîtrisé. Tiendrait-on là un héritier du grand Hitchcock ?
Dès la scène d’ouverture je suis emballée. Totalement prise dans l’ambiance vivifiante et vintage de cet opus.
Je note déjà les grandes idées de cinéma que le réal empoigne : cette façon de filmer en plan large puis en plan très serré pour mieux rassembler toutes les émotions ressenties et disons le concrètement : bien nous accrocher à notre siège !
Je garde en mémoire quelques uns des plans parfaitement maitrisés du film comme celui de l’arrivée sur la plage. Les ombres planent…
Tout dit la volonté d’un cinéma puissant, qui cherche à bousculer et j’adore que Jordan Peele aille jusqu’au bout de son ambition en offrant un film complet tout à la fois visuellement léché et formellement briqué. Le casting est parfait ! Du père qui offre la touche humoristique – on le remercie de nous permettre de relâcher la pression de temps à autres – en passant par l’ado archéypale et le jeune garçon encore accroché à maman jusque justement cette mère louve encore apeurée par les cicatrices d’un événement vécu dans l’enfance.
C’est là justement que le réal place son curseur. Il veut dire les stigmates de la violence et de l’abandon.
Le film opère alors un changement de braquet dans la dernière partie du film et laisse les codes de l’horreur au profit d’une approche plus psychologique pour dire et illustrer la révolte des laissés pour compte. Son film prend alors une toute autre envergure en illustrant les dérives d’une population oubliée, reléguée au second plan, que l’on aurait cru recluse à jamais.
Il nous montre que la haine et le ressentiment font le lit de la violence et nous donne à voir une double approche du sujet.
Une approche « micro » : la violence et les douleurs que l’on engrange face à nous même et la dualité qui nous habite tous.
Une approche « macro » : la violence d’une population qui, un jour sans prévenir, se soulève et lâche le venin d’une douleur trop longtemps étouffée.
Jordan Peele nous dit très justement les grondements de notre monde.