Grosse parka kaki avec capuche vissée sur la tête… « Djé » est de sortie. Il arpente les rues, son sac en baluchon. De lui on ne connait pas grand chose si ce n’est qu’il sort de prison. Bien vite, sans que rien de son passé ne soit explicité on comprend sa déviance. Elle est ciblée envers la gente féminine. Djé les harcelle, les viole et les tue. Son physique de jeune premier lui sert de vitrine et il use de son charme pour les approcher, les appater puis en abuser.
C’est Pierre Deladonchamps qui incarne cet homme, il est de tous les plans et lui prête son regard tantôt charmeur tantôt apathique et glaçant.
Glaçant oui c’est le terme d’autant que ce film ne prend jamais, il me semble, la hauteur nécessaire pour traiter son sujet. On entre dans le film puis on se laisse porter par les déambulations de ce Djé. On le suit dans ses pérégrinations et un sentiment de malaise s’installe.
Le film reste trop en surface et ne se départi pas d’un sentiment de gratuité dans le traitement d’un sujet somme toute délicat. Pour preuve cette scéne durant laquelles des ouvriers parlent des femmes qu’ils voient passer devant eux dans la rue de façon vulgaire et crasse. Certes, j’ai bien conscience que ce type de discours a cours mais quel est l’intérêt ici de le plaquer de la sorte dans un scénario de film ?
C’est autre chose à mon sens, le cinéma. Il est un miroir de la société – oui – mais tout l’intérêt de cet art est de se forger un style, une pâte, un point de vue… La ligne est fine mais primordiale.
Reste Maya jouée par Ophélie Bau – découverte dans Mektoub my love – et lumineuse en tout temps et toute tenue. Elle incarne ici une jeune squateuse engagée socialement, déclassée du capitalisme dont elle rejette les principes. Avec elle, quelque chose se passe, quelque chose de l’ordre de l’incarnation. Ce qui n’a finalement pas trait avec le personnage que joue Pierre Deladonchamps. La négativité totale de son personnage m’a bloquée et pour la première fois au cinéma, je me suis posé la question du choix d’un rôle. Jusqu’où est-il possible d’aller ? Jusqu’où le cinéma peut-il jouer le rôle de catharsis, d’échappatoire… Jusqu’où un acteur peut-il aller ? A mon sens, aussi loin qu’il est possible d’aller. Une actrice comme Isabelle Huppert en est la preuve à mon sens. Elle qui joue des rôles dit « extrêmes », de perverse, d’empoisonneuse… le brio, la précision avec lesquelles elle les joue permet de marquer la frontière et toujours, toujours, elle prend justement la hauteur nécessaire sur son personnage.
Ce qui n’est pas tant le cas ici – d’où la gêne.