Nanni poursuit ici son travail d’autofiction. Et pousse l’introspection à son comble.
Il signe ici une comédie quelque peu égotiste, quoique assez jouissive.
S’il y a trop de mots (si, tout de même, j’ai par endroits eu envie de lui dire « chut » !) ce film est une belle idée.
Soit un réal (Moretti lui même, ce Giovanni c’est lui !) dépassé par les événements de la vie. Il est débordé, tout autant dans sa sphère privée que professionnelle.
En proie à de grands doutes face à cette vie moderne, il décide alors de faire un pas de côté avec la réalisation de ce film par le prisme duquel il prouve qu’il a alors une bonne dose de second degrés et de prise de recul sur la situation. Sur ce qu’est le cinéma aujourd’hui (ahh le spectre de ce vautour de Netflix), sur ce que c’est que d’être mari et père… Sur ce que c’est que de voir la vie passer, d’être un homme d’âge mûr plein de convictions et de réflexion dans un monde en proie à des bouleversements profonds.
Si Nanni prouve avec cet opus qu’il est tout sauf un vieux con, il dit pourtant un monde qui se nivèle par le bas, où l’argent et le profit sont roi. Un monde fragile car poreux. Il le dit bien, sans aigreur ou ton belliqueux. On l’écoute donc et l’on se dit qu’on ne peut qu’acquiescer.
Mais il dit par dessus tout (et c’est là sa maestria, dire le négatif et le saupoudrer d’une once d’optimisme) son amour pour la vie, pour le bien vivre ensemble et pour le cinéma. Et rien que pour cela, je me retiendrai toujours de lui dire chut !