Voilà bien un film que j’aurais presque manqué. C’eut été sans les relances multiques concernant les projections presse en avant première auquelles j’ai été conviée qui ont fini par me faire réaliser qu’il s’agissait là d’un film à voir.
C’est en effet le cas. Victoria marque de son empreinte l’univers du cinéma.
L’histoire est simple. Une jeune femme quitte la boite de nuit dans laquelle elle a dansé toute la nuit, enfourche son vélo pour rentrer chez elle, dormir quelques heures avant d’attaquer sa journée de travail à 7h. Sur le chemin du retour elle croise un groupe de jeunes hommes avec qui elle décide de boire un dernier verre. Elle va finalement les suivre dans une aventure qui la changera à jamais.
Pour le dire de but en blanc, ce film a déjà marqué les esprits et a d’ailleurs été récompensé de moult prix au festival de Berlin entre autres. Le réalisateur Darren Aronofsky (Black Swan, Requiem for a dream) le voit comme un film fort qui « rocked his world » en un mot « qui l’a bouleversé » : rien que ça.
Ce qu’il faut que je dise c’est que ce film tient de la prouesse technique – c’est d’ailleurs de là qu’il tient toute sa teneur, toute sa saveur et toute sa force – ce film est entièrement réalisé et tourné en plan séquence
Il s’agit donc en clair d’une seule et même scène d’une durée de 2h13 qui ne détourne jamais son regard de ses acteurs et suit leurs moindres faits et gestes en continu. Vraiment bluffant.
Les acteurs justement étaient présents à l’issue de la projection pour répondre à nos questions et nous expliquer la façon dont ils avaient procédés pour parvenir au résultat final.
Des mois et des mois de préparation, de répétition et 3 prises seulement. C’est d’ailleurs la troisième et dernière prise qui fut la bonne selon le réal.
TOUS les dialogues et tout ce que l’on voit à l’écran (pendant 2h13 je tiens à le rappeler) n’est qu’improvisation. Le tout ayant été discuté, ficelé et préparé en amont mais tout de même : vous serez d’accord pour avouer qu’il s’agit là d’une véritable prouesse technique.
Seul le son a fait l’objet d’un montage et d’une post synchronisation avec le retravail de certaines scènes et l’effacement de certains bruits de rue nuisibles.
Je ne sais pas si tout cela vous inspire, le visionnage de la bande annonce peut sans doute vous permettre de percevoir une vue d’ensemble de cette oeuvre (même si la bande annonce est, elle, montée et ne respecte en rien le bon usage du plan séquence).
Vous imaginerez aisément que l’usage d’un tel procédé apporte rythme, force et réel ancrage dans l’histoire. Pour le dire clairement, le spectateur est véritablement au coeur de l’histoire et de l’intrigue et suit en direct le déroulé des actions.
Cela dit, même si j’ai aimé suivre les aventures de cette chère Victoria qui passe de la jeune femme sage et sous contrôle à la femme maitresse de ses actes qui lui imposent de prendre des décisions et de véritablement se prendre en charge afin d’assumer la situation dans laquelle elle se retrouve, je dois avouer que le film ne m’a pas emportée et ne m’a en rien bouleversée.
Le plan séquence qui voudrait que je sois « embarquée » au plus près de ce groupe de jeunes gens et de leurs actions m’a même parfois laissée sur le bord du chemin, peut-être justement parce que j’avais trop ce sentiment qu’on « voulait m’embarquer ».
Je reconnais cependant l’originalité et la prouesse technique de l’usage d’un tel procédé, le travail et la demande d’exactitude dans l’improvisation que cela impose.
En vrai, j’ai aimé partager ces deux heures décisives de la vie de cette jeune femme. Preuve que chaque moment de vie compte et que chacun d’entre eux peut déterminer le reste des jours de notre vie.