Yves et Pierre. Voilà le vrai titre de ce film. Yves et Pierre, c’est d’abord un duo – un couple certes – mais un duo de vie.
Le YSL de Jalil Lespert nous invite au cœur de la Maison Dior puis de la maison YSL mais surtout, au cœur du couple formé par Yves Saint Laurent, le célèbre couturier et Pierre Bergé, l’amateur d’art et business man.
Si le film évoque le génie du créateur, le film prouve le génie de ses deux acteurs principaux – Pierre Niney et Guillaume Gallienne, tous deux condisciples de Molière et respectivement Pensionnaire et Sociétaire de la Comédie Française, que je place au même plan sur l’échelle du succès, de la maîtrise et de la grâce.
YSL est un bijou qui m’a ému aux larmes. Si la musique y joue un rôle majeur, ce sont surtout les moments de silence qui m’ont marqués et touchés. Clairement, YSL avait le génie mais sans la présence bienveillante, le regard amoureux et admiratif et le sens inné des affaires de Pierre Bergé, il n’aurait sans doute pas eu la carrière qui fut la sienne et dont nous nous souvenons.
Car oui, ce YSL porté à l’écran est une ode à l’amour et au couple. Qu’il est doux de voir ce jeune YSL se muer en homme, gagner en confiance, croire en lui malgré les déboires qui seront les siens.
Je me dois de préciser ici que je ne suis en rien une assidue du monde de la haute couture. Je lis ELLE chaque semaine depuis 10 ans, certes, mais suis plus que novice sur le sujet. C’est la raison pour laquelle j’ai été très surprise de l’émotion forte que j’ai ressentie tout au long du film. Si j’ai déjà connu quelques émotions fortes devant des tableaux de maitres que j’avais pu étudier lors de mes études (des Velasquez en l’occurrence) et un Van Gogh (Nuit Etoilée) jamais je n’aurais pensé être émue aux larmes devant des vêtements, des pièces de tissus.
Seulement voilà, si ce film nous apprend une chose : c’est bel et bien que l’amour que l’on porte à la tâche que l’on entreprend, transparait dans le résultat final. Signe distinctif du travail de Monsieur Yves Saint Laurent, géni des créateurs : il mettait tout son amour, tout son être à la tâche et c’est bel et bien cela qui fît son succès. YSL ne vivait clairement que pour son art. Oui, ce film m’a permis de réaliser que la haute couture est bel et bien un art.
« Tu n’es heureux que deux fois par an » lui dira d’ailleurs Pierre Bergé. (Lors des périodes de créations : au Printemps et en Automne, ndlr).
A ce propos je suis très curieuse de découvrir « l’autre » YSL, celui de Bertrand Bonello – grand maitre de la beauté cinématographique à mes yeux. Je me souviens encore des images merveilleuses de son Apollonide. Même s’il n’a pas l’aval de Monsieur Bergé, je le soupçonne de nous livrer un film d’une beauté assez impressionnante.
Toujours est-il que Jalil Lespert nous livre ici une œuvre délicate et sensible qui marque ce début d’année d’une pierre blanche et qui prouve, à l’heure où l’on en parle tant, que le cinéma français peut compter sur ses champions tant du côté des comédiens que des réalisateurs.
Vraiment, je suis sous le charme.